Fin 2010, ce qui devait prendre le nom de « printemps arabe » touchait la Tunisie. Puis, de semaine en semaine, des soulèvements populaires se sont produits en Libye, en Syrie, en Egypte, à Bahreïn et au Yémen. Mises à part les pertes humaines importantes et inestimables, Geopolicity a évalué les pertes de revenus des pays les plus touchés à 55,84 milliards de dollars.
Une note salée
Le cabinet Geopolicity détaille ainsi l’impact qu’a eu le « printemps arabe » sur chaque pays tout en précisant bien qu’il ne s’agit que d’un bilan provisoire compte tenu de la difficulté à accéder à certains indicateurs économiques et de la situation qui demeure instable dans ces pays :
On peut voir que le produit intérieur brut de ces six pays (PIB) a subi une perte de 20,56 milliards de dollars alors que leurs finances publiques se voyaient priver de plus de 35 milliards de dollars du fait de la baisse des recettes et de la hausse des dépenses.
En Libye, où les combats se poursuivent, la guerre civile a coûté 7,7 milliards de dollars, ce qui représente plus du quart du PIB alors que les comptes publics perdent 6,5 milliards de dollars avec l’arrêt complet du secteur pétrolier. L’étude de Geopolicity rappelle que le prix du Brent était de 90 dollars le baril au début 2011 avant de grimper à 130 dollars en mai puis de revenir à 113 dollars actuellement.
Pour la Syrie où la répression de la révolte toujours en cours aurait fait 3 000 morts civils selon l’ONU, les données sont de fait plus compliquées à obtenir. Mais les experts estiment néanmoins que les violences auraient coûté environ 6 milliards de dollars, soit 4,5% du PIB.
Les pauvres régleront la facture
Au Yémen, la contestation se poursuit depuis fin janvier et selon un courrier des « jeunes de la révolution » à l’ONU, plus de 860 personnes y ont trouvé la mort au cours d’affrontements. Et, selon Geopolicity, la facture des troubles (120 millions de dollars) sera d’abord réglée par les plus fragiles, les 45% de la population qui vivent, plutôt survivent, avec moins de deux dollars par jour.
Neuf mois de secousses ont fragilisé l’Egypte tant au plan politique qu’économique. Durant cette période, le nombre de touristes étrangers a diminué de près de la moitié ; en 2010, le tourisme avait rapporté 12,5 milliards de dollars au pays des pharaons. Selon Geopolicity, le PIB a baissé de 4, 2%, résultat d’une importante hausse des dépenses publiques couplées à une perte de recettes de 75 millions de dollars.
Pays d’où sont parties les révoltes, la Tunisie trinque également en perdant 2 milliards de dollars, ce qui représente 5,2% de son PIB. Le tourisme (premier pourvoyeur de devises), les mines et la pêche sont les principaux secteurs touchés, contribuant à un déficit budgétaire estimé à 489 millions de dollars.
Quant à Bahreïn, gouverné par une minorité sunnite, ébranlé par un soulèvement de sa population chiite et qui n’a dû son « salut » qu’à l’appui musclé de l’Arabie Saoudite, il ne s’en sort pas trop mal. Son PIB chute de 2,77% mais ses dépenses publiques remontent de 2,1 milliards de dollars, notamment grâce au 2 600 dollars distribués à chaque famille pour désamorcer la colère.