La zone est incontournable. Elle permet aux navires de relier le canal de Suez à l’océan Indien. Mais depuis une dizaine d’années, les navires marchands qui traversent le golfe d’Aden sont menacés par les attaques de pirates. Des actes de plus en plus nombreux, audacieux et organisés.
Entre janvier et mars 2011, le Bureau maritime international a répertorié 142 attaques maritimes. Quatre-vingt-dix-sept sont attribuées aux seuls pirates somaliens. Les conséquences de la piraterie maritimes sur le commerce international sont considérables. D’après Eric Frécon, chercheur à Singapour, auteur de Pavillon noir sur l’Asie du Sud-Est, histoire d’une résurgence de la piraterie maritime, les pertes liées à la piraterie seraient évaluées de 7 à 12 milliards de dollars.
Les premières victimes de la piraterie sont les compagnies maritimes. Tout d’abord, les actes de piraterie dans la Corne de l’Afrique sont presque toujours des prises d’otages. Les montants des rançons demandées sont de plus en plus élevés. D’après Eric Frécon, « les pirates ont commencé par réclamer jusqu’à 25 millions de dollars. Ils ont ensuite rabaissé leur demande autour de 3 millions. Aujourd’hui, la moyenne tourne autour de 5 millions de dollars mais peut s’élever jusqu’à 10 millions ».
Les rançons ne constituent qu’une partie des coûts pour les compagnies maritimes. Tout d’abord, elles ne représenteraient que 25% du préjudice immédiat. Il faudrait y ajouter les frais annexes : consultants, avocats ou encore coût de la livraison de la rançon.
Les frais annexes
La résurgence des actes de piraterie a ensuite fait exploser le prix des assurances maritimes. Des « surprimes » sont demandées pour les périodes de navigation en zone de guerre.
Depuis 2007, une réglementation internationale contraint les entreprises à respecter un certain nombre de dispositions pratiques pour limiter au maximum les risques. Par ailleurs, les armateurs mettent en place un certain nombre de « gadgets » pour se prémunir contre les attaques de pirates. Fils barbelés, protections électriques, canons à eau ou encore canons à ultra-sons sont autant de dispositifs installés pour repousser les assaillants. Des équipements relativement peu couteux, nuance David Blouin, agent de sécurité pour la Compagnie maritime nantaise.
Pour éviter les attaques, les navires marchands sont souvent contraints d’effectuer des détours. La réglementation internationale recommande de ne pas naviguer à moins de 1 000 kilomètres des côtes somaliennes. Ce changement d’itinéraire entraîne une augmentation de la consommation de fioul. De plus, les navires augmentent leur vitesse de croisière, afin de pouvoir accélérer plus rapidement en cas d’attaque. Certaines compagnies maritimes choisiraient même de passer par le Cap de Bonne-Espérance, au sud du continent africain, afin d’éviter les pirates somaliens.