Le marché de l'emploi dans le monde est dans le rouge

Le Bureau international du Travail (BIT) a publié, mardi 25 janvier 2011 son rapport sur les tendances mondiales du marché de l'emploi pour l'année 2011. Malgré un très léger recul du taux de chômage mondial, le marché de l’emploi continue de se détériorer. L'emploi industriel a été le plus directement frappé et les jeunes sont toujours les plus affectés.

Selon le rapport du BIT, les pays les plus affectés par le chômage sont les économies les plus développées, il semble que les pays émergents tirent mieux leur épingle du jeu grâce à leur croissance à deux chiffres. Le taux de chômage mondial devrait être de 6,1% en 2011, soit 203,3 millions de chômeurs dans le monde. Malgré une légère amélioration par rapport à 2010, puisque le taux de chômage a reculé de 0,1%, la situation de l'emploi continue de se détériorer.

Les économies développées et l'Union européenne sont les plus touchées. Depuis 2007, ces Etats ont concentré 55% de la hausse du chômage, alors qu’ils ne représentent que 15% de la population active. Entre 2007 et 2009 l'industrie a perdu 9,5millions. La principale conclusion du rapport souligne qu'en dépit d’une croissance de l'économie mondiale de 4,7%, de nombreux travailleurs restent sans emploi.

Les jeunes les plus touchés

Pour Jean-François Troglic, directeur du Bureau de l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour la France, ce sont les jeunes qui paient le plus lourd tribut à cette crise mondiale de l'emploi : « Le rapport montre une augmentation massive du chômage des jeunes. Le taux de chômage global des jeunes dans le monde est de 12.6% en 2010 soit deux fois et demi plus que le chômage des adultes. En plus on ne compte pas dans ces taux, les jeunes que l’on appelle « découragés », ceux qui ne parviennent pas à mettre un pied dans le marché du travail et que l’on estime à 1,7 million (sur un an) pour les seuls 56 pays qui fournissent des statistiques. Par exemple, en Afrique du Nord plus de 23% des jeunes en âge de travailler sont au chômage. Cette situation est inquiétante car le taux de chômage des jeunes reste désespérément haut, voire même, continu de progresser dans certains pays.

Malgré une croissance accélérée des pays émergents au niveau mondial on observe une détérioration du marché de l'emploi avec une augmentation rapide des emplois précaires ou à temps partiel. Selon le rapport du BIT, il y a aujourd'hui 1,5 milliard d'emplois vulnérables, soit la moitié des emplois dans le monde et 630 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, avec 1,25 dollars par jour. En un an, ce nombre de pauvres a augmenté de 40 millions. A cela s'ajoute l'augmentation du prix des matières premières qui menace leur pouvoir d'achat.

L’emploi, la priorité d’Obama

Une situation qui pourrait se transformer en poudrière comme on l'a vu récemment en Tunisie où le chômage et la misère ont conduit les Tunisiens à la révolte. Alors, même si le risque est minoré dans les pays développés, il n'en demeure pas moins préoccupant. De plus en plus de gouvernements commencent à considérer le problème de l'emploi comme une priorité nationale. Dans quelques heures le président américain, Barack Obama va prononcer son discours sur l'état de l'Union et, la lutte contre le chômage, sera l'une de ses priorités.

Mais pour l'économiste Erin Weill de la Confédération syndicale internationale, les politiques de rigueur mises en place pour réduire les dettes publiques pèsent lourd sur l'emploi, il est très réservé sur la marge de manœuvre des Etats : « Beaucoup de gouvernements coupent dans les dépenses, réduisent les programmes publics et il y a un vrai risque que ces politiques aggravent le chômage, alors que nous avons besoin que les gouvernements continuent les programmes pour créer les emplois. C’est la vraie solution non seulement pour l’économie mais aussi pour les budgets publics ».

Pour endiguer ce chômage persistant, certains économistes ou hommes politiques tiennent un discours à l'encontre de la tendance générale. Parmi eux, Michel Rocard, l’ancien Premier ministre de François Mitterrand qui affirme qu’il faut travailler moins de 35 heures par semaine, et partager d’avantage le travail existant, ce qui, selon lui, permettrait aux chômeurs de retrouver un emploi.

 

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