Un temps considérée comme l’une des plus performantes du monde arabe, l’industrie irakienne a été anéantie par trente années de guerres auxquelles se sont ajoutées les sanctions économiques contre le régime de Saddam Hussein et plus récemment l’insécurité qui continue de régner dans certaines régions du pays. Ainsi, à en croire le ministre irakien de l’Industrie, en 2003, après la l’invasion américaine et la chute du régime baasiste, « environ 99% du secteur était à l’agonie ». Selon Fawzi Hariri, « les usines étaient détruites, pillées ou à l’arrêt ».
Aujourd’hui la situation a considérablement évolué. Le secteur se relève peu à peu et sur les 70 sociétés d’Etat que contrôle le ministère, les deux tiers produisent à nouveau même si ce n’est pas à leur pleine capacité. Ces sociétés opèrent dans des secteurs très divers comme la construction, la chimie et la pétrochimie, le génie civil, l’agroalimentaire, la pharmacie et le textile.
Des besoins de reconstruction colossaux
Mais à l’inverse du secteur des hydrocarbures qui fournit 97% des revenus de l’Etat, l’industrie n’est pas prioritaire pour l’Irak. Les besoins de reconstruction sont par ailleurs colossaux et le gouvernement préfère privilégier la sécurité, la santé ou encore l’éducation. Face au peu de moyens alloués à l’industrie, le secteur n’a d’autres alternatives que de se tourner vers le privé. Une dizaine de joint-ventures entre sociétés publiques et privées existent d’ores et déjà. Dans ce schéma, les investisseurs prennent en charge les équipements et le développement de l’entreprise. Les deux partenaires se partagent ensuite la production pour une période donnée.
Les autorités irakiennes souhaitent multiplier ses joint-ventures mais l’insécurité et l’instabilité politique - quatre mois et demi après les élections législatives, l’Irak n’a toujours pas de gouvernement - découragent les investisseurs. Elles sont même les principaux obstacles à une modernisation du secteur industriel irakien.
Aller encore plus loin
Mais le gouvernement voudrait aller encore plus loin et privatiser la plupart des entreprises publiques. Un problème de taille l’en empêche : la loi irakienne interdit pour le moment la vente des sociétés d’Etat. L’actuel ministre de l’Industrie espère que le nouveau Parlement votera d’ici fin 2011 un texte qui ouvre la voie aux privatisations. Pour Fawzi Hariri, la réforme du secteur est déjà en marche. Selon lui, la première étape du plan du gouvernement qui consistait à relancer les installations industrielles, sera achevée avant la fin de l’année. La seconde, qui s’étalera jusqu’en 2015, aura pour objectif d’« initier de nouveaux partenariats, de stimuler les investissements voire de réussir les privatisations ».
Enfin la dernière phase, prévue pour durer jusqu’en 2020, se donne pour ambition de « soutenir le développement du secteur privé ». Objectif, porter la part de l’industrie non pétrolière dans l’économie à 5 à 10%. Entre 2006 et 2009, l’exploitation du pétrole a rapporté 171 milliards de dollars à l’Etat qui en tire 95% de ses revenus.