A Toronto, le G20 s’ouvre sur fond de tensions et de violences

Tout juste le G8 terminé à Huntsville au Canada les débats du G20, à Toronto cette fois, ont commencé. Et ils promettent d'être animés. Samedi 26 juin 2010, les chefs d'État et de gouvernement des pays riches et leurs homologues des États émergents se sont retrouvés pour un premier dîner officiel. Ce sommet du G20 s’annonce comme celui des dissensions, alors que dans la rue de violentes manifestations ont déjà fait plusieurs blessés.

Avec notre envoyée spéciale à Toronto, Murielle Paradon

Alors que la nuit est déjà tombée sur Toronto, les manifestations se poursuivent. Des personnes qui ont défilé l’après-midi de samedi ont décidé d'occuper la rue.

Un peu plus tôt la situation était tendue entre jeunes et policiers. Une centaine de jeunes, qui se revendiquaient pacifiques, ont été pris en tenaille entre deux cordons de policiers avançant vers eux et qui les ont littéralement extirpés les uns après les autres. Il y a eu des pleurs et des protestations ; les jeunes ont été obligés de mettre les mains en l’air. L’un d’entre eux a été plaqué au sol et frappé par un policier.

Il est vrai que dans l’après-midi de samedi, lors de la grande manifestation qui a réuni des milliers de personnes, il y avait eu des débordements, des casseurs, des vitrines brisées et deux voitures de police brûlées. Mais la plupart des manifestants étaient tout de même venus protester dans le calme.

Il est difficile d'avoir un bilan de cette première journée de manifestations à Toronto. La télévision canadienne parle de 150 arrestations et de plusieurs blessés. Tout le monde se demande comment la situation a pu dégénérer à ce point car beaucoup de policiers avaient été mobilisés. Il y a 20 000 policiers au total soit deux pour chaque manifestant.

Le maire de Toronto a du s’expliquer devant les journalistes au centre de presse international. Il a accusé une poignée d’éléments perturbateurs et a défendu le travail de la police mais son embarras était bien visible, d'autant qu’il y a une polémique sur le coût de la sécurité entourant le sommet. L'organisation de la sécurité a effectivement coûté plus d’un milliard de dollars.

Tensions diplomatiques avant même l’ouverture des débats

Du côté des discussions, avant même le début des réunions, les États-Unis ont enfoncé le clou. « Le sommet doit porter fondamentalement sur la croissance » a dit Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor américain. Les Européens eux continuent de défendre leur position. « Oui au soutien de la croissance », mais les déficits publics doivent être réduits absolument.

Des Européens qui nient toujours qu’il y ait un conflit sur ce sujet de la reprise économique et qui semblent isolés sur un autre sujet : la taxe bancaire. La France et l’Allemagne y tiennent beaucoup mais plusieurs pays et notamment le Canada, l’hôte de ce G20, ne veulent pas en entendre parler. La mention même d’une taxe sur les banques pourrait ne pas apparaître dans le communiqué final. Ce serait un désaveux pour les Européens.

Enfin, la Chine, souvent mise en cause pour la sous évaluation de sa monnaie qui dope ses exportations au détriment d’autres pays, compte se défendre. « Pas question de céder aux pressions du G20 sur le yuan » a dit un membre de la délégation chinoise.

L’ambiance de ce G20 à Toronto s'annonce plutôt fraîche.

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