Avec notre envoyée spéciale à Lisbonne,
L’Orchestre génération, c'est un programme destiné aux enfants et adolescents défavorisés, déracinés, en difficulté sociale ou scolaire vivant à Lisbonne et dans ses environs. Une association dotée de plusieurs orchestres - pour la plupart symphoniques, le plus grand compte 180 membres - créée il y a dix ans sur le modèle d'El Sistema.
« El Sistema, c’est une méthodologie apparue au Venezuela, il y a 40 ans, explique Antonio Diniz, président et fondateur de l'Orquestra Geração. La personne la plus connue, c’est le chef d’orchestre Gustavo Dudamel qui a fait l’Orchestre Simon-Bolivar. Maintenant, ils sont près d’un million d’enfants au Venezuela. C’est en principe très simple : il n’y a pas de solfège d’abord, toute cette partie souvent très dramatique pour les enfants, puisque les enfants imitent les professeurs. »
Alors qui sont ces jeunes passionnés ? Ils sont un millier venant de 20 écoles autour de Lisbonne et du centre du Portugal accompagné de 70 professeurs spécialement formés pour cette occasion qui enseignent 7 heures de musique par semaine.
La précarité et la réussite
Beaucoup de ces enfants sont issus d'anciennes colonies portugaises : Brésil, Angola, Mozambique, le Cap-Vert, il y a des Roms, et souvent, ils sont confrontés à la précarité, l'échec scolaire ou un contexte familial compliqué : « Par exemple, Le jeune bassiste, Telmo, le père a disparu, la mère a des enfants de plusieurs pères. Il est quand même entré dans des études supérieures de musique et il a été même invité pour travailler avec les enfants en Angleterre. »
Pas tous deviennent des pros en la matière, mais la musique donne un sens à leur vie. « Je suis entré à l’orchestre, parce que le monde sans musique n’existe pas. Il doit y avoir toujours du rythme dans la rue, quelque chose qui nous fait avancer dans la vie. » « J’ai toujours voulu jouer du violon depuis l’âge de 2 ans. Pour moi, la musique, c’est une autre manière d’exprimer nos sentiments. »
Parfois, ils investissent des endroits insolites, par exemple, quand, dans la banlieue de Lisbonne, à Amadora, près de 80 enfants sortent leurs instruments en plein milieu d'un parking entouré de peintures murales gigantesques et d’HLM délabrés. C’est une surprise musicale quand, soudain, un air célèbre déchire le silence. C’est le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier, composé au XVIIe siècle, dont l'ouverture sert notamment d'indicatif à l'Eurovision.
L'Orquestra geração, la fourmi et la cigale
Du coup, les rideaux commencent discrètement à bouger et des têtes grises ou de jeunes ou même de chiens se pointent au bord des fenêtres pour assister - du haut de leurs loges - à ce concert complètement inouï pour un lieu qui a l'habitude des bruits de moteur.
Malgré les mérites de la musique et ses bienfaits prouvés – de l’augmentation de la concentration en passant par la rigueur et du respect de l'autre, jusqu’à la confiance en soi – ce projet ambitieux reste un éternel combat pour Antonio Diniz, auparavant directeur au Conservatoire de Lisbonne.
« Le sport, c’est plus facile, il y a les médailles. Quand il s’agit de musique, ça donne le sentiment que c’est de la rigolade, c’est un peu la cigale. Vous savez, la fable suggère qu’on doit être comme les fourmis, mais jamais comme les cigales. Moi, je voudrais donner à la cigale la possibilité de faire quelque chose pour la fourmi. Parce que pendant que la fourmi travaille, la cigale joue pour elle, n'est-ce pas ? En plus, comme les enfants sont très très jeunes, il y a une énergie qui sort d'eux, c'est contagieux. Nos concerts se terminent en général comme des concerts de rock ou de pop. »
► L'Orquestra geração, l’Orchestre génération, vous donne rendez-vous à Lisbonne le 25 juin, puis le 1er, 6, 9, 16 juillet et le 1er août à Athènes, en Grèce. La Fondation BNP Paribas soutient cette association depuis plusieurs années dans le cadre de Dream Up, un programme de solidarité destiné aux jeunes et présent dans 26 pays répartis sur les cinq continents.
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