Démos ou Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale. Derrière cet acronyme se cache une initiative lancée en 2010 en Ile-de-France avec pour objectif d’initier de jeunes enfants des quartiers populaires à la musique classique. L’expérience financée en grande partie par les pouvoirs publics, s’inspire directement de projets plus anciens menés en Amérique latine notamment au Venezuela avec l’orchestre Simon Bolivar dirigé par le chef d’orchestre Gustavo Dudamel.
L’intégration par l’orchestre
Les jeunes Démos regroupent aujourd’hui 450 musiciens en herbe répartis au sein de plusieurs orchestres. Des jeunes issus de quartiers sensibles qui étaient très éloignés de la musique classique, souvent perçue comme une musique réservée à l’élite. « En fait, nous nous sommes rendu compte que ces enfants n’avaient aucun a priori sur la musique classique, ce sont les adultes qui en ont, les parents et nous-mêmes », explique Emmanuelle Durand, l’administratrice du projet. Les enfants, eux, se sont rapidement pliés à la discipline de l’orchestre, une petite société dans laquelle il faut s’écouter les uns les autres. « C’était dur au début, car tout le monde avait envie d’essayer son instrument », admet Bintou, 12 ans et violoniste.
Un encadrement de haut niveau
Pour jouer les partitions, certes simplifiées, de Gounod, Verdi ou encore Brahms, les musiciens en herbe ont travaillé dur : quatre heures par semaine, sans compter les répétitions en orchestre et le travail personnel. Pour les encadrer, des professeurs de musique se sont mobilisés, mais aussi des musiciens professionnels de l’Orchestre de Paris et de l’Orchestre Divertimento, dirigé par Zahia Ziouani. « Mon positionnement n’est pas très différent de celui que j’ai avec des professionnels, j’essaye de garder l’exigence artistique que j’ai avec les adultes. La différence se situe plus dans la façon de donner des indications. J’essaye de bien argumenter pour qu’ils comprennent pourquoi il faut jouer de telle ou telle manière » explique la jeune chef d’orchestre, originaire de Seine Saint-Denis.
Un bilan positif
Après trois ans d’expérimentation, les responsables du projet expliquent que très peu d’enfants ont abandonné malgré l’intensité de cet apprentissage. Au contraire, la moitié d’entre eux s’est inscrite dans une école de musique ou dans un conservatoire. Les travailleurs sociaux remarquent également des enfants qui ont beaucoup plus confiance en eux et une amélioration de leur capacité de concentration.
Le projet doit maintenant s’étendre aux départements de l'Isère et de l'Aisne. L'ambition est de rassembler un millier de jeunes en Ile-de-France et dans trois autres régions françaises.
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Le concert des jeunes Démos aura lieu le mercredi 26 juin, à 20h30, à la Salle Pleyel à Paris.