Ils parlent d’un « séisme », d’un « choc », d’un « traumatisme ». L’univers culturel aux Etats-Unis semble en berne. Sur les réseaux sociaux, les témoignages d’exaspération affluent, à l’image d’une Mia Farrow prête à s’exiler en Irlande après la victoire de Donald Trump dans son pays natal. L’actrice, chanteuse et ancienne épouse de Frank Sinatra a exprimé son désespoir dans deux tweets révélateurs : « A racist president », « un président raciste », s’est-elle exclamée avant de rajouter : « I do have an Irish passport », « J’ai un passeport irlandais ».
Même déception chez l’acteur Chris Evans. Le héros du film Captain America fustige ses compatriotes pour avoir laissé le champ libre à « un propagateur de haine pour diriger notre grande nation… Je suis ébranlé. » Pendant que le rappeur Chuck D, l’un des cofondateurs de Public Ennemy, frappe fort en tweetant « Hitler is Real #meinTrump », la chanteuse Madonna se contente d’un « We Never Give Up », « On ne renoncera jamais », et l’écrivain américain Douglas Kennedy parle sur son compte Twitter du « plus grand choc de ma vie », après avoir conjuré ses concitoyens : « Si Trump triomphe, nous aurons voté pour un homme totalitaire qui abîmera notre démocratie. »
Clint Eastwood, le cowboy du temps moderne
Face à ce monde culturel profondément affolé après le triomphe complètement inattendu de Donald Trump, un artiste défie tous les autres : Clint Eastwood. Le justicier d’innombrables westerns cultes, personnification ultime du lonesome cowboy, le célèbre et très politiquement incorrect Inspecteur Harry a ressorti son colt pour défendre la vision de Donald Trump sur l'Amérique. Tout au long de la campagne présidentielle, il avait soutenu et mis en mélodie les ambitions d’un Trump, présenté comme le sauveur d’une Amérique abandonnée.
Comme dans un remake du film mythique de Sergio Leone, Le Bon, la Brute et le Truand, où Clintwood fait triompher son personnage dans le contexte de la guerre de Sécession américaine, l’acteur et réalisateur a assumé la politique de clivage d’un Donald Trump avec toutes ses forces. Donald Trump, un raciste ? Pour Eastwood, né dans les années 1930, c’est juste un malentendu. « Nous sommes vraiment dans une génération de lèche-cul. Quand j’étais jeune, ces choses n’étaient pas qualifiées de racisme », avait-il martelé dans une interview donnée au magazine américain Esquire.
Ainsi, Clint Eastwood, le réalisateur de American Sniper, est devenu tout au long de la campagne la figure de proue culturelle du slogan « Make America Great Again », « Rendre l'Amérique à nouveau grande », de Donald Trump. Mais il n’est pas le seul. D’autres artistes ont déclaré leur flamme pour le futur président : « Rambo » Sylvester Stallone, le boxeur Mike Tyson, le rappeur 50 Cent ou Stephen Baldwin, l’acteur de Usual Suspects. Leur point commun ? Ils incarnent tous des héros qui aiment cogner fort et sans scrupules.