Elu en décembre 2013 au premier tour de scrutin, Dany Laferrière devient le premier auteur d’Haïti, citoyen canadien à siéger à l’Académie française. Pour honorer Port-au-Prince où il est né, il a choisi une épée signée d'un sculpteur haïtien. Pour le costume vert officiel, un styliste québécois. Une façon de réunir ses deux pays, d'origine et d'accueil, et une volonté de ne pas être réduit ni à une nationalité, ni à une couleur de peau.
Depuis toujours Dany Laferrière a instillé dans son œuvre littéraire un ton anticonformiste, en publiant par exemple un roman intitulé Je suis un écrivain japonais, voire un goût pour la provocation avec ce titre qui a marqué tous les esprits : Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer.
L’écrivain haïtien dit n’avoir jamais pensé à entrer sous la coupole de l’Académie française. « Tout ce que je voulais, dit-il, c’était écrire des livres, rester impertinent. » « Pour moi, écrire, c’est être libre, c’est être chez soi partout dans le monde », explique Dany Laferrière. « Surtout, écrire permet de rêver. Parce que, en tant qu’écrivain, je peux me retrouver instantanément à Tokyo. Il suffit d’écrire le mot Tokyo. »
Derrière le rire contagieux de cet auteur prolifique de 62 ans, il ne faut pas oublier les yeux émerveillés d'un lecteur passionné. Depuis son enfance avec sa grand-mère qui lui a inculqué le goût des livres en Haïti, à sa tante bibliothécaire, jusqu'à Denis Diderot qui est l'un de ses maîtres, Dany Laferrière n'a de cesse de célébrer les mots dans une langue toujours savoureuse. Une gourmandise, une verdeur qui sans conteste vont apporter un souffle frais et nouveau à l'Académie française.