C'était en février dernier, l'annonce avait fait l'effet d'une bombe : une série avec un budget de plus de 100 millions de dollars, l'acteur Kevin Spacey devant la caméra, aux commandes le réalisateur David Fincher, deux poids lourds du cinéma hollywoodien réunis pour un programme diffusé exclusivement sur Internet.
Cerise sur le gâteau : tous les épisodes de la première saison étaient à la disposition des abonnés de Netflix, une remise en cause totale du système de diffusion par épisodes propre à la télévision.
Et House of Cards pourrait bien entrer dans l’histoire en devenant la première série produite par un acteur du net à rafler les principaux Emmy Awards, les Oscars de la télévision américaine, le 22 septembre prochain à Los Angeles.
Netflix, Amazon : pourquoi ils se lancent dans la production de série
Si Netflix est le leader de la vidéo à la demande par abonnement aux États-Unis, il n’est pas resté seul sur le marché. Amazon notamment fait partie de ses concurrents dans le secteur florissant des offres d’abondance : un abonnement à environ 8 dollars par mois qui donne accès à des dizaines de milliers de programmes que l’on peut regarder à volonté. « Si tout le monde propose le même catalogue, cela a tendance à tirer les prix vers le bas. Un programme comme House of Cards, c’est une manière de se rendre unique », analyse Philippe Bailly, président de NPA conseils, spécialiste de l’économie numérique.
Se rendre unique et revendre ensuite un contenu exclusif à prix d’or à des acteurs traditionnels comme Canal + en France. « Finalement, on voit qu’il y a une convergence entre ces deux modèles », explique Jean-Yves Mirsky, délégué général du syndicat des éditeurs numériques.
Netflix tisse sa toile en Europe
Déjà présent dans six pays du vieux continent, Netflix sera accessible aux Pays-Bas fin 2013. Quant à la France, aucune date n’a pour l’instant été annoncée même si, selon nos informations, des ayants droit ont déjà été approchés. Cependant, le marché français très régulé et très réglementé ne fait pas vraiment les affaires du géant américain. Principal obstacle : la chronologie des médias, un système qui régit l’ordre d’apparition des films sur les différents supports (cinéma, DVD, VOD...). Ainsi, il faudrait à Netflix attendre 36 mois après la diffusion d’un film au cinéma pour pouvoir le proposer sur son site. Toutefois, cette règle ne s’applique pas aux séries…
Avec ses 36 millions d’abonnés, un chiffre d'affaires qui dépasse le milliard de dollars, Netflix est en train de remettre en cause la domination des chaînes payantes aux États-Unis et leur système de production. Kevin Spacey, le coproducteur de House of Cards et acteur principal dans cette brillante fiction politique, était récemment l’invité du festival de télévision d’Édimbourg en Écosse. Il a défendu le modèle Netflix qui selon lui redonne le pouvoir au public et stimule la création artistique.