Attaque de la flottille: Israël fait parler ses soldats

Israël, accusé à travers le monde d'usage disproportionné de la force lors de l'assaut de la flottille pour Gaza, qui a fait au moins neuf morts parmi les passagers, rejette la responsabilité des affrontements sanglants sur les militants pro-palestiniens du convoi. Pour essayer d'enrayer les critiques et les condamnations, Tsahal, la grande muette, fait parler ses soldats pour qu'ils expliquent comment l'abordage s'est transformé en assaut meurtrier. Une démarche qui n'est pas courante pour l'armée israélienne.

Avec notre envoyée spéciale à Ashdod, Catherine Monnet

Il ne faut pas le filmer de face et encore moins espérer connaître son nom. Mais les journalistes ont tout loisir de voir le visage visiblement fatigué du commando de marine. Le jeune homme est présenté par un supérieur comme venant tout juste de débarquer du ferry turc Mavi Marmara, et comme l'un des premiers militaires qui a pris d'assaut le bateau turc.

Quand il est descendu en rappel de l'hélicoptère, le soldat raconte qu'il a vu un de ses amis à terre, battu par deux hommes. Et quand il a essayé d'intervenir pour l'aider, les deux hommes s'en sont ensuite pris à lui.

Les incohérences du soldat

« Je n'avais pas d'arme, j'étais main nue », assure le soldat qui précise ensuite qu'il a « juste dégainé un vieux pistolet de painball inoffensif ».

Le soldat se garde d'expliquer quand les membres du commando ont commencé à ouvrir le feu à balle réelle. Il préfère insister sur le fait qu'un des militants était lourdement armé « de deux couteaux suisses, quatre couteaux japonais, de ciseaux et d'un cutteur à papier ».

Il est assez surprenant de voir un militaire d'une unité d'élite s'étonner de trouver une situation « cahotique », voir même de « guerre » et de l'entendre dire que les soldats étaient en « état de choc ».

Mais quand un journaliste essaye d'en savoir un peu plus et s'étonne ouvertement des incohérences du soldat, sa supérieure met fin brusquement à la conférence de presse. Tsahal veut bien donner sa version des faits, mais il ne faut pas poser trop de questions.

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