Côte d’Ivoire: Eriksson doit inventer une équipe

L’équipe de Côte d’Ivoire prépare actuellement la Coupe du monde 2010 à Gstaad, en Autriche. Le nouveau sélectionneur, Sven-Goran Eriksson, doit réveiller un groupe affecté par l’élimination en quart de finale de la CAN 2010 et incapable d’exploiter collectivement tout son potentiel individuel. L’entraîneur suédois à moins de trois semaines pour trouver la bonne formule.

L’équipe nationale de Côte d’Ivoire, en stage à Gstaad en Autriche, s’apprête à disputer sa deuxième Coupe du monde de football de suite. En 2010 comme en 2006, les Ivoiriens évolueront dans un « groupe de la mort » avec le Brésil, le Portugal et la Corée du Nord. La continuité peut sembler remarquable. Mais entre ces deux Mondiaux, il y a eu deux Coupes d’Afrique des nations ratées.

Finalistes en 2006, demi-finalistes en 2008, quarts de finalistes en 2010, les Eléphants régressent et le constat est toujours le même : l'équipe de Côte d’Ivoire dispose de belles individualités mais elle ne forme pas un collectif harmonieux. De plus, ses joueurs ont capitulé trop vite lors de rendez-vous difficiles, face à l’Egypte durant la CAN 2008 ou contre l’Algérie, lors de la CAN 2010.

Mission impossible pour Eriksson ?

Cette dernière défaite - la seule en vingt-cinq matches - a été fatale au sélectionneur Vahid Halilhodzic débarqué puis remplacé par le Suédois Sven-Goran Eriksson. Le technicien franco-bosniaque semblait avoir exploité cyniquement les capacités ivoiriennes en bâtissant une équipe peu joueuse mais capable de défendre et de faire plier ses adversaires grâce au talent de Didier Drogba. Mais tout s’est effondré en Angola. Et les doutes ont ressurgi.

Sven-Goran Eriksson est attendu comme le messie. L’ex-sélectionneur des équipes d’Angleterre et du Mexique doit, au fond, régler en un mois les travers récurrents de la sélection ivoirienne : défense friable, incapacité à faire le jeu, mental faillible, problèmes d’égos, cadres vieillissants, omnipotence de Didier Drogba. Robert Nouzaret qui a dirigé les Eléphants entre 1996 et 1998 puis 2002 et 2004 pense que ce n'est pas possible : « Avoir changé d’entraîneur à cause d’une mauvaise CAN, ce n’était pas une bonne solution. Malgré tout le talent et l’expérience d’Eriksson, il n’arrivera pas en si peu de temps à mettre en place quelque chose de fondamentalement différent. La seule solution, c’est que les joueurs réagissent, se disent ‘maintenant, il y en a marre !’. »

La réaction d'orgueil tarde en effet. Le technicien français compare avec le Cameroun : « Chez les Lions indomptables, il y a toujours des problèmes d’organisation, financiers que ne connaissent pas les Ivoiriens. Mais les Camerounais ont toujours su compenser grâce au mental. C’est peut-être la différence actuelle entre les deux équipes. »

Des raisons d’y croire

Faut-il pour autant désespérer ? Didier Drogba a certes une mainmise jugée  excessive sur le groupe ivoirien mais il sort d’une année exceptionnelle en Angleterre, avec Chelsea. Et il n’est pas le seul. Aruna Dindane a retrouvé confiance à Portsmouth. Gervinho a souvent été épatant avec Lille, en France. Romaric, écarté pour la CAN 2010, réintègre le groupe et devrait apporter du liant entre l’attaque et la défense. Et les défenseurs – Kolo Touré, Siaka Tiéné, Steve Gohouri, Emmanuel Eboué – n’ont pas à rougir de leurs derniers mois. Reste à trouver le complément de Kolo Touré dans l'axe.

Surtout, les Ivoiriens aborderont la Coupe du monde avec le statut d’outsider dans la poule G, une étiquette qui leur va bien. Cette posture leur avait permis d’être plus convaincants en Allemagne en 2006 qu’au cours de quatre années de règne annoncé en Afrique.

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