Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’aller représenter le Cameroun à la Coupe du monde ?
Pour tout joueur, vivre une Coupe du monde, c’est exceptionnel. En plus, celle-là se déroule sur notre continent et je pense que pour tous les Africains, c’est énorme. Et pour les pays qui y participent, c’est encore plus grand. Pour moi, évidemment, c’est très important car j’ai fait partie de la campagne 2006. Nous étions allés chercher les points partout où il fallait les prendre mais, au final, nous ne nous étions pas qualifiés à cause d’un pénalty manqué contre l’Egypte dans le dernier match chez nous à Yaoundé. Tant que la Coupe du monde 2010 n’aura pas commencé, on va continuer à y penser. Cette élimination-là, elle avait fait très mal. C’était dur à avaler.
Cela dit, le parcours en éliminatoires a été compliqué pour le Cameroun sur la route de l’Afrique du Sud....
Oui, les deux premiers matchs ont été difficiles. On a perdu contre le Togo au Ghana et on a fait match nul avec le Maroc à Yaoundé. On était très mal. On était derniers à ce moment-là et on n’avait plus droit à l’erreur. Et puis Paul Le Guen est arrivé. Il y a eu beaucoup de choses faites et dites dans le groupe et en dehors. Entre nous, on s’est dit que ce n’était pas possible. Avec les joueurs qu’on a et nos qualités, le parcours ne pouvait pas s’arrêter là. Heureusement que ça s’est bien déroulé après et que tout s’est enchaîné. Au vu de nos matchs, on méritait de se qualifier.
Où en est l’équipe aujourd’hui ?
On a fait des progrès depuis l’arrivée de Paul. On a été un peu moins bons à la CAN. On avait montré d’autres qualités durant les éliminatoires même si on avait surtout gagné les matchs au mental. On avait dû renverser des situations très compliquées mais on a suffisamment de qualités pour montrer autre chose. Paul a annoncé en arrivant qu’il allait changer des choses. Il a tenu parole et il a donné confiance à tout le monde. Il a fait des changements que certains n’avaient pas osé faire et, désormais, tout le monde sait qu’il a sa chance de jouer.
Vous êtes confiants malgré cette CAN 2010 en demi-teinte ?
Je crois que cette CAN, c’était un mal pour un bien. Si on l’avait gagnée, on se serait peut-être endormi sur nos lauriers et on aurait perdu le fil pour la Coupe du monde. La CAN 2010 peut être un très bon enseignement pour nous. Ce qui s’y est passé, je suis convaincu que ça va nous servir durant ce Mondial. On peut s’appuyer sur notre match contre l’Italie au mois de mars à Monaco. On fait 0-0, je crois que c’est un bon résultat (ndlr : il était entré en jeu à 58e mn à la place d’Alexandre Song) Il reste quatre matchs pour préparer la Coupe du monde et mettre des choses au point. Il reste du temps.
Que faut-il travailler en premier lieu ?
Je crois qu’il faut retrouver notre jeu d’avant la CAN. On a des joueurs pour produire du jeu et pour mettre pas mal d’équipes en difficulté.
C’est une question de joueurs ou une question de tactique ?
Non, ça vient de nous, les joueurs. Quand on est sur le terrain, il faut que chacun joue avec ses qualités et surtout qu’il applique ce que le coach nous demande de faire. Il faut que tout le monde soit à 200 pour cent et que tout le monde soit là pour l’équipe.
Jusqu’où peut aller le Cameroun ?
Très loin. On a le groupe pour aller loin. Le plus important déjà, c’est de sortir de la poule. Cela ne va pas être facile. On va avoir des matchs solides face à de très bonnes équipes. Si on sort de la poule, après, sur un match, tout peut arriver.
Vous connaissiez bien les trois équipes du groupe ?
Oui. Le Japon, on les a joué deux fois en amical chez eux. C’est une bonne équipe. On a fait un nul et une défaite. Donc, il faut faire attention à eux. Je les ai vu jouer en amical contre les Pays-Bas, justement. Ils avaient perdu mais ils avaient été très bons. Les Pays-Bas aussi on les a joués mais c’était avant la dernière Coupe du monde. On a vu tous leurs matchs, on connaît leurs joueurs. Et le Danemark, on a suivi leur bon parcours durant les éliminatoires. Tout le monde peut se qualifier.
Cameroun-Pays-Bas, ça peut être la finale du groupe ?
Ca dépend. Peut-être qu’une des deux équipe sera déjà qualifiée. Mais ce devrait être un très beau match, quelle que soit l’issue des deux premières rencontres.
Vous allez jouer « à la maison » ?
Non, je ne veux pas penser comme ça parce que je crois que pas mal de gens vont se déplacer pour voir jouer leur pays. Je pense que ça va être la fête pour tout le monde et la compétition pour tout le monde. J’espère juste que les Africains seront nombreux à nous soutenir.
Est-ce que l’on se sent autant en Afrique quand on est en Afrique du Sud que quand on est au Cameroun ?
J’y suis allé déjà une fois. Ça reste, l’Afrique même si on sait ce qui s’est passé là-bas.
Après une longue saison en Ligue 1 et en Ligue des champions, on est encore au point physiquement pour aller jouer une Coupe du monde ?
Quand vous avez deux-trois jours de repos avant le stage, ça fait un peu bizarre. Mais c’est vrai que ce n’est pas évident. Dans les têtes, on s’attendait quand même à ça. Mentalement, il faut être préparé et se dire qu’il y a une aventure énorme qui peut se présenter. Celui qui va vous dire que, durant la saison, il ne pensait pas à la Coupe du monde dans un coin de sa tête, c’est un menteur.