Cela a été difficile d’établir la liste des 30 ?
Oui car on sélectionne mais on élimine aussi. C’est toujours un crève-cœur de sortir des joueurs avec lesquels on a fait un bout de route, un bout de chemin. Mais il faut choisir, c’est l’éternel problème...
Quels étaient vos critères pour former votre sélection ?
Le critère essentiel, c’était de bâtir un onze-type. Ou du moins pratiquement douze-treize joueurs qui se dégagent. Ensuite prendre les bonnes doublures. Autre critère essentiel : les mentalités pour que tout le monde vive bien ensemble pendant plus d’un mois.
Ce onze-type, vous l’avez déjà ?
Oui, évidemment. Je l’imagine. Lorsque j’ai établi ma liste, j’ai coché les joueurs que j’imaginais voir débuter la compétition. Mais il reste trois matchs amicaux et ils me serviront à peaufiner tout ça.
Cela veut dire que vous ne l’aviez pas trouvé pendant la CAN ?
On sait très bien que cela peut évoluer durant la compétition. J’étais parti sur le onze qui s’était dégagé pendant les éliminatoires. Mais je savais pertinemment que ce onze allait évoluer, compte-tenu de son profil. Certains joueurs arrivent un petit peu en bout de course..... Vous dites que je ne l’avais pas trouvé. Moi je pense que je ne l’avais trouvé en fin de compétition.
La CAN vous a servi de terrain d’expérimentation ?
Pour moi, c’est une compétition qu’il fallait aborder avec de l’ambition. Mais il fallait aussi s’en servir pour faire bouger les choses, pour voir des jeunes joueurs. Pour moi, c’était une étape incontournable.
Et quels enseignements en avez-vous tiré ?
Que c’était difficile de se concentrer dès le début de la compétition. Des joueurs sont passés rapidement des championnats étrangers à cette CAN 2010. Et puis j’ai vu que le fait de vivre pendant presqu'un mois ensemble, c’était très différent par rapport à des mini-stages de cinq-six jours. C’est incomparable. Il faut être capable de tenir la distance et trouver un mode de fonctionnement qui permette à chacun de se sentir bien durant près d’un mois.
C’est plus dur de le faire dans une équipe africaine que dans un club européen ?
Pas forcément. Mais il faut tenir compte des particularités. Il faut tenir compte de la culture. Moi, ça ne me gêne en rien mais on ne peut pas y échapper. Il faut vraiment avoir ça à l’esprit.
Il y a des choses que vous avez tentées à la CAN et qui n’ont pas marché ?
Non.On est sorti par l ’Egypte après prolongation en faisant un très bon match, en ayant renouvelé l’équipe. Il nous a manqué un peu de réussite. On a fait des erreurs individuelles qui nous ont pénalisé. Pour le reste, je suis content de la démarche car on revient de loin. Au mois d’août dernier, on ne savait pas si on allait obtenir la qualification à la CAN et encore moins à la Coupe du monde. Aujourd’hui, on est content d’y être. Il était nécessaire de faire bouger les choses, c’était indispensable. J’ai pris des risques mais en prévenant tout le monde et en étant clair dans ma communication et dans mes choix.
Quels risques ?
Changer des joueurs. Il y avait des joueurs qui étaient en place depuis très longtemps, qu’il fallait remettre en concurrence. C’est ce que j’ai fait. Je ne le regrette pas.
Vous pensez à qui ?
A Rigobert Song et à Geremi, bien entendu. Et à Carlos Kameni. Ces joueurs-là sont très très importants pour l’équipe nationale. Ils ont un parcours formidable mais ils doivent eux aussi être en concurrence avec les autres.
Que peuvent-ils apporter durant la Coupe du monde ?
Leur expérience, leur habitude des grands événements, leur capacité à vivre en groupe pendant un mois. Ce sont des joueurs importants pour la sélection. Ce sont des joueurs intelligents et je pense que même en étant en concurrence, même en étant plus des titulaires indiscutables, ils ont leur mot à dire. Peut-être sur le terrain mais aussi en dehors.
Quels sont les secteurs que vous voulez travailler en priorité ?
Tous les secteurs sont à travailler. On a des progrès à faire dans tous les secteurs. Il faut aborder cette Coupe du monde avec beaucoup d’humilité. Là on a le temps de travailler. On a un match d’entraînement et trois matchs amicaux. Tous les joueurs doivent travailler. Certains ont arrêté leur championnat depuis un moment. Il y a un travail physique à faire, un travail tactique. Il faut améliorer les choses pour trouver plus de complémentarité, trouver des automatismes entre les joueurs.
Tactiquement quel est le plus gros chantier ?
Je pense que ce que l’on a fait contre l’Italie (0-0 le 3 mars) est intéressant. Il faut travailler dans ce sens là. Après, il faut trouver une animation offensive comparable à celle que nous avions lors des éliminatoires. On a marqué pas mal de buts contre le Maroc, contre le Togo, contre le Gabon. Il faut retrouver de la vitesse, des complémentarités au niveau des attaquants.
Vous dites que vous avez votre onze-type en tête mais ce onze-type peut-il varier en fonction de l’adversaire ?
Il ne sera pas forcément toujours le même. Il peut varier en fonction des performances observées durant les matchs amicaux, pendant les entraînements. Mais les onze-douze que j’ai en tête ne seront pas remplacés par les onze autres dans l’équipe. Il peut y avoir une ou deux modifications mais je m’appuierai sur ce qui a été fait à la CAN. Je m’appuierai sur certaines expériences, notamment celles que nous avons faites contre l’Italie.