Le camp de la Force d’intervention de la gendarmerie nationale, où étaient réfugiés les mutins, était jeudi soir sous le contrôle de l’armée régulière. La ville est calme, après que la journée ait été rythmée par les mitraillages et les explosions de roquettes.
En fait aujourd’hui il y a eu trois temps. Ce jeudi matin, les gendarmes mutins ont repris leur démonstration de force entamée la veille et l’armée régulière est intervenue une première fois. L’opération a duré plus d’une heure durant laquelle des gendarmes – pas plus de quelques dizaines mais très bien positionnés – ont réussi à résister à leurs assaillants, qui étaient pourtant bien beaucoup plus nombreux. Des tractations ont été engagées mais sans succès et, en fin de journée, l’assaut a été lancé faisant mouche cette fois et finalement assez vite.
La plupart des mutins ont, semble-t-il, réussi à s’enfuir et on se demande désormais ce qui va se passer demain.
Cette affaire dépasse le strict cadre militaire. Aujourd’hui c’est autour d’un culte religieux que se sont cristallisés les débats. Mais ce soir, le Premier ministre était catégorique lors d'une conférence de presse : « Des politiciens sont derrière toute cette agitation ». Il ne l’a pas nommé mais on sait qu’il pense au président évincé Marc Ravalomanana, actuellement en exil en Afrique du Sud, qu’il soupçonne de vouloir créer un sentiment d’insécurité, voire de renverser le régime.
Dans le camp Fort Duchesne, où étaient retranchés les gendarmes mutins, plusieurs dizaines de pasteurs (pour la plupart membres de la FJKM, l'Eglise de Jésus-Christ), proches du président évincé Marc Ravalomanana, les avaient rejoints. Ils souhaitaient organiser un culte, mais leur demande d'autorisation aurait été refusée par les autorités. Ils ont tout de même organisé un rassemblement, devant le mausolée de Madagascar.