Si le plan de sauvetage mis en place par l’Union européenne permet aux Etats d’emprunter, il ne permet pas de rembourser. Les gouvernements de la zone euro se sont beaucoup endettés pendant la crise pour soutenir l’activité économique. Maintenant les cambistes se posent la question: comment vont-ils pouvoir rembourser ? Pour cela les pays de l’Eurogroupe n’ont pas beaucoup de solutions : ils doivent prélever plus d’impôts et réduire leurs dépenses. Mais ces deux mesures peuvent peser sur la croissance. Et c’est pour cette raison que l’euro est en crise en ce moment, traduit par sa baisse rapide face au dollar.
En effet, les marchés craignent les conséquences négatives pour la reprise économique des mesures d'austérité prises par plusieurs pays de l’Eurogroupe. Le malaise des marchés, traduit par la chute de l’euro est alimenté aussi par les inquiétudes sur la faiblesse persistante des pays périphériques de l’Eurogroupe: la Grèce, le Portugal, l'Espagne, et l'Italie.
Car malgré de récents bons indicateurs économiques en Europe, l'euro canalise le malaise des marchés. Parce que ce qui inquiète encore plus les marchés, c'est que les dirigeants européens n'ont plus de marge de manœuvre pour tenter d'enrayer la chute de la confiance.
En outre, des déclarations alarmistes ce week-end n’étaient pas pour rassurer les investisseurs. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel paru ce lundi, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a ainsi estimé que la situation des marchés était «la plus difficile depuis la Seconde Guerre mondiale». De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a jugé dimanche 16 mai que la zone euro n'avait fait que gagner du temps avec les plans de soutien. Elle a souligné que les vrais problèmes de disparités en termes de compétitivité et d'écarts de déficits, restaient à régler.
Des responsables européens tentent de rassurer
La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a affirmé lundi 17 mai que l'euro n'était pas en danger. Elle a souligné que les seize pays membres de la zone euro veulent défendre leur monnaie. «La plus grave menace qui pesait sur notre monnaie est derrière nous», a assuré pour sa part le commissaire européen à l'Energie, l'Allemand Günther Oettinger. Tandis que le porte-parole de la Commission européenne a estimé le même jour que la chute de l'euro face au dollar et le yen n'a pas que des effets négatifs. Selon lui cela aide les exportations européennes dans un moment où cela est très important.
Il est vrai que les industries fortement exportatrices comme l'aéronautique se plaignent d'un euro trop fort, qui les pénalise sur le marché mondial. Le président de l'Autorité des marchés financiers française, Jean-Pierre Jouyet, va dans le même sens. Il a estimé que le niveau de l'euro était tout à fait acceptable et présentait des avantages en termes de compétitivité extérieure. Quant au président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, il a souligné que la monnaie commune n'était pas en butte à des attaques spéculatives malgré sa forte chute face au dollar.