Clotilde Reiss avait été arrêtée le 1er juillet 2009, dans la foulée de la répression qui avait marqué les grands mouvements de contestation contre la réélection du président Ahmadinejad pour un second mandat (le 12 juin).
Elle a dû affronter l'accusation -très grave- d'espionnage et de participation à un complot occidental visant à déstabiliser le régime iranien. Elle est notamment accusée d'avoir transmis aux autorités françaises des informations et des photos sur les manifestations de protestation qui ont suivi l'annonce de la réélection du président, à la mi-juin.
Clotilde Reiss a 24 ans. Elle était enseignante à l'université d'Ispahan. Elle a passé un mois et demi en prison avant d'être autorisée, à la mi-août, à attendre son jugement à l'ambassade de France, à Téhéran. Depuis le début de cette affaire, elle-même ainsi que les autorités françaises clament son innocence.
Monnaie d'échange
Or, à y regarder de plus près, il apparaît assez vraisemblable que « l'affaire Reiss » soit devenue l'un des éléments du contentieux global qui oppose Paris et Téhéran - et dont Clotilde est l'otage ou, plus précisément, une monnaie d'échange.
L'annonce de cette libération attendue survient à quelques jours de la décision de la cour d'appel de Paris de ne pas extrader vers les Etats-Unis l'ingénieur iranien Majid Kakavand. Il est recherché par la justice américaine pour avoir fourni des composants électroniques « made in USA » aux forces armées iraniennes. Il avait été arrêté en France en mars 2009 alors qu'il s'apprêtait à y passer des vacances avec sa femme. Emprisonné jusqu'en août, il a été assigné à résidence jusqu'à ce jugement du 5 mai qui lui a rendu la liberté.
Dix jours plus tard, on observe que le dossier de Clotilde Reiss pourrait bien trouver un heureux dénouement. On ne peut pas s'empêcher d'observer la simultanéité entre le règlement des deux affaires.