Le sort du thon rouge n'est pas réglé

La réouverture de la pêche au thon rouge en Méditerranée démarre le 15 mai 2010 dans un climat tendu. Depuis que ce poisson a fait l’objet d’une pêche excessive menant à sa quasi-disparition, son commerce a failli être interdit en mars à la Cites, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction.

Une nouvelle saison difficile

C’est donc avec soulagement que les thoniers-senneurs peuvent reprendre la mer, même si, dans le fond, le cœur n’est pas à l’ouvrage. Les règles mises en place pour sauvegarder le thon rouge en Méditerranée sont de plus en plus strictes. Cette année chaque flotte n’est autorisée à prélever que 2.000 tonnes de thon rouge en un mois contre 3.017 en 2009, et seulement 17 bateaux pourront sortir, soit deux fois moins qu’il y a deux ans.

L’annonce de ces restrictions a été vécue comme une pression supplémentaire visant à couler cette profession qui a investi beaucoup d’argent pour se doter d’équipements toujours plus sophistiqués et qui est aujourd’hui très inquiète pour son avenir, compte tenu des nouvelles réglementations restrictives de cette pêche.

Un sentiment d’amertume particulièrement ressenti par les pêcheurs français qui sont très contrôlés et qui doivent faire face à une concurrence déloyale venant d’autres pays méditerranéens, comme le laisse entendre Bertrand Wendling, le porte-parole de Sathoan.

Sathoan est un des plus gros armateurs français regroupant 11 des plus importants thoniers-senneurs français : « Quand vous avez une activité industrielle artisanale ou privée avec des règles et que vos petits copains trois frontières plus loin peuvent faire tout et n’importe quoi, ça ne tient pas car dans un système d’ingérence globale, , déclare Bertrand Wendling : celui qui respecte les règles, c’est le premier à mourir. »

Menaces sur l’espèce

C’est justement ce pillage des mers que dénoncent les associations écologistes comme Greenpeace et Sea Shepherd qui entendent multiplier les actions de protestation pendant tout le mois de pêche. Certains ont déjà commencé en bloquant trois thoniers-senneurs à Frontignan avant de déployer une banderole « Thon rouge, liquidation totale avant fermeture ».

Pour eux, les pêcheurs ne sont attirés que par l’appât du gain, dans ce marché où les Japonais sont à l’origine de 80% de la demande. Très utilisé dans les sushis ou autres sashimis, ce poisson est surtout prisé au pays du Soleil Levant où sa chair s’arrache à prix d’or. Face aux sommes folles engrangées par ce marché, les défenseurs du thon rouge attendent avec impatience la prochaine réunion de l’ICCAT, la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique, en novembre à Paris pour espérer obtenir une interdiction de la pêche de cette espèce menacée que l’homme aura presque réussi à décimer en seulement 20 ans.

Mais les scientifiques semblent modérer désormais le discours ...

Après avoir constaté une diminution de 60% des stocks de thon rouge du fait de la demande croissante et de la surpêche, ils s’étaient montré très alarmistes. Une position qui semble être plus nuancée aujourd’hui, comme l’explique le chercheur de recherche pour le développement, Alain Fonteneau qui dresse un bilan plus optimiste pour l’avenir du thon rouge (à condition que l’ICCAT gère véritablement cette ressource de manière efficace et durable).

Alain Fonteneau, spécialiste mondial du thon rouge fait le point sur le risque de disparition du thon rouge.

Pour en savoir plus :

Lire

Un article paru dans Sciences et Avenir d'avril 2010 : Est-il bon d'interdire le thon ?
«Alors que les Etats-Unis et l Europe se prononcent pour l interdiction du commerce international du thon rouge, les scientifiques jugent cette mesure inadéquate, privilégiant une pêche « durable » avec des quotas réduits. »

Visiter les sites

- de l'Ifremer :

* dossier sur le thon rouge, l'une des espèces marines les plus fascinantes

* La pêche aux thons : de la madrague à la senne coulissante

- de Greenpeace : A un mois de l'ouverture de a pêche au thon rouge en Méditerranée, le WWF appelle les distributeurs à acheter et vendre "responsable".

 

 

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