Difficile à dire si la multitude et la diversité des profils qui s’offrent aux militants va les aider à choisir the best one, ou au contraire, rendre leur tâche plus compliquée.
Les cérébraux
Celui qui est susceptible de répondre le mieux au plus grand nombre d’attentes exprimées au sein de différents courants du parti s’appelle David Miliband. Surnom : « Le Cerveau ». Tout est dit sur le personnage. A 45 ans, le brillant ministre des Affaires étrangères peut être considéré comme l’incarnation même de l’espoir pour toute une génération de militants qui attend son heure.
Toutefois, la génération en question sera peut-être amenée à faire un choix douloureux entre deux Miliband. En effet, le frère de David, Ed, son cadet de quatre ans, est également cité parmi les successeurs potentiels de Gordon Brown. Comme son frère, il est ministre – de l’Energie et du Changement climatique – et il est aussi brillant, mais il a un atout supplémentaire. Il pratique un style nettement plus détendu que celui de son aîné, ce qui fait penser à ses partisans qu’il lui serait plus facile de faire face au jeune leader conservateur, David Cameron.
A gauche toute
Certains travaillistes ont tout de même besoin d’un chef peut-être un peu moins « cérébral », et un peu plus proche du peuple. Pas de problème. Dans l’éventail de candidatures possibles, il y a ce qu’il faut. Il y a notamment Alan Johnson. Beau profil prolétaire. Ancien facteur, orphelin à douze ans, il a été élevé dans un logement social à Londres par sa sœur aînée. Premier emploi : rangement des étalages d’un supermarché. Vient ensuite une belle carrière syndicale. Emploi actuel : ministre de l’Intérieur. Mais, pendant son temps libre, il n’hésite pas à gratter joyeusement sa guitare. Ses adversaires estiment toutefois qu’il s’exprime mieux à la guitare que sur ses idées politiques, notamment en matière d’économie.
Ed Balls, lui, est considéré comme l’incarnation de l’aile gauche du parti, et donc susceptible de réunir le soutien de ce courant sur sa personne. Et ceci malgré un profil moins prolétaire que celui d’Alan Johnson. Ancien éditorialiste du journal de la City, le Financial Times, Balls est diplômé non seulement d’Oxford, mais aussi de la prestigieuse université américaine de Harvard. Quand Gordon Brown était au Trésor et gagnait lentement mais sûrement les galons de sauveur de l’économie britannique, c’était Ed Balls qui était son bras droit. Aujourd’hui, il est lui-même membre du gouvernement, mais il occupe un poste moins influent que celui d’Alan Johnson. Il est ministre de l’Enfance, des Ecoles et de la Famille.
Le centriste et le prince
Avec Alistair Darling, on revient dans un cercle restreint des ministres les plus puissants. Et puis, il a déjà été une fois successeur de Gordon Brown – justement, au ministère qu’il dirige actuellement, celui des Finances. Il diffère d’Ed Balls aussi par son orientation politique. Jadis, il faisait avec lui partie de l’aile gauche de la famille travailliste, mais avec le temps il a évolué plutôt vers une forme de centrisme.
Le surnom de « Prince des ténèbres » n’est peut-être pas particulièrement flatteur, mais il désigne un personnage qui l’a mérité grâce à son habileté à jouer dans les coulisses et à ses qualités de fin tacticien. Il s’agit de Peter Mandelson, ministre des Entreprises ayant une riche expérience politique aussi bien sur le plan intérieur qu’international. Ancien député britannique et commissaire européen, il a été aussi l’un des architectes de la mutation du Labour, couronnée par le triomphe électoral du parti en 1997.
Les sans portefeuille
Et si l’on songeait à quelqu’un qui n’a pas de fonction ministérielle ? Jon Cruddas n’en n’a jamais occupé aucune. Toutefois, il est reconnu au sein du Labour Party pour sa lutte de terrain contre l’extrême droite, sujet particulièrement cher à la gauche. Il est député de l’est de Londres – partie de la capitale où le British National Party est très présent, mais Cruddas arrive à lui mener la vie dure.
Harriet Harman non seulement n’est pas ministre, mais en plus elle est une femme. La seule parmi les candidats pressentis pour succéder un jour à Gordon Brown à la tête du parti travailliste. Pour l’instant, elle en est vice-présidente et est considérée comme très proche de Brown. Ses adversaires la trouvent trop « politiquement correcte », mais même eux, sont obligés de lui reconnaître une énorme force de travail. Ses thèmes de prédilection : droits des travailleurs et, sans surprise, l’égalité des sexes.
Ainsi, même si David Miliband semble pour le moment avoir plus de chances que les autres, ce n’est pas d’un manque de choix que puissent se plaindre les travaillistes, bien au contraire.