Gordon Brown a pris toute la mesure de la situation : si les travaillistes britanniques veulent sauvegarder une petite chance de rester aux affaires, ce sera sans lui. Et encore, même sans lui, ce n’est pas gagné. Mais, après trois ans passés à Downing Street, il a été désavoué par les électeurs et l'annonce de son départ était la condition sine qua non pour l'ouverture de négociations entre travaillistes et Libéraux-démocrates.
Les Libéraux-démocrates ont d'ailleurs réagi très favorablement à l'annonce du Premier ministre indiquant qu'il partirait d’ici l’automne. Ce retrait « pourrait constituer un élément important pour une transition en douceur vers un gouvernement stable », a déclaré Nick Clegg, le leader de la petite formation qui, forte de ses 57 députés, pèse d'un poids considérable sur l'échiquier politique britannique.
Pour Gordon Brown, à 59 ans, c'est une sorte de retraite anticipée à laquelle il devra se résoudre. Il aura été l'un des principaux artisans de la reconstruction du parti et des succès électoraux d'un certain Tony Blair. A l'heure d'engranger les fruits de sa fidélité, il est rattrapé par l'usure du pouvoir, et, en bon politique (soucieux des intérêts de son parti), il en tire toutes les conséquences : il s'en va.
Les discussions continuent entre les LibDem et les conservateurs
Si Nick Clegg vient d’annoncer qu’il était prêt à engager une discussion avec les travaillistes, cela ne remet pas en question les négociations avec les conservateurs. Et l’un des principaux obstacles sur la voie d’un accord entre Nick Clegg et David Cameron, c’est la réforme du système électoral.
Selon les sondages, les Libéraux-démocrates bénéficient d’un soutien d’une majorité de Britanniques pour introduire au moins une dose de représentation proportionnelle. Pilule que les conservateurs ont du mal à avaler, car la réforme pourrait mettre fin au traditionnel partage du pouvoir entre les deux principaux partis : eux-mêmes et les travaillistes.
Un autre point de discorde : la réduction des dépenses publiques. Les conservateurs veulent assainir les comptes publics dès cette année, alors que leurs potentiels partenaires jugent que cela pourrait menacer la reprise de la croissance.
Les deux partis divergent aussi beaucoup dans leurs approches de l’Europe, les Tories affichant un fort euroscepticisme, à la grande différence des Libéraux-démocrates.