Elections tests dimanche 9 mai en Allemagne

La plus grande région du pays, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, doit renouveler son Parlement. Avec 13,5 millions d’électeurs appelés aux urnes ce dimanche 9 mai 2010, il s’agit d’un test de premier plan quelques mois après les législatives de septembre dernier, et alors que l'Allemagne était en première ligne dans le débat sur la crise financière européenne et sur le plan de sauvetage à la Grèce.

De notre correspondant à Berlin,

Le plan échafaudé par le gouvernement chrétien-démocrate/libéral d’Angela Merkel prend l’eau de toutes parts. La coalition mise en place après les élections du 27 septembre dernier a dans un premier temps distribué quelques bonbons fiscaux aux Allemands. Les pilules plus amères devaient être administrées aux patients-citoyens après les élections régionales du 9 mai.

Mais voilà, le gouvernement s’est seulement contenté de quelques mesures sans montrer aux électeurs où il voulait les emmener. En plus, le chaos a régné en maître entre chrétiens-démocrates et libéraux qui n’ont eu de cesse de se quereller. La popularité du gouvernement a chuté brutalement, à commencer par celle des libéraux qui ont mis un talent hors du commun à saborder leur succès impressionnant lors des élections générales de septembre dernier.

Le plan d’Angela Merkel a reçu une ultime estocade avec la crise grecque dont la chancelière se serait bien passée. Elle avait espéré que les décisions impopulaires sur l’aide à Athènes pourraient n’être prises qu’après l’élection de dimanche. Mais la dégradation de la situation a changé la mise. Les Allemands, qui voyaient dans les réticences d’Angela Merkel un barrage efficace à un soutien qu’ils rejettent massivement, ont à l’arrivée vu leur pays passer à la caisse. L’adoption d’une loi, vendredi 7 mai, validant les crédits allemands de 22,4 milliards d’euros à Athènes tombe au pire moment pour la chancelière.

Sur le terrain, faute de thèmes de campagne porteurs, la crise grecque s’est invitée à Cologne, Düsseldorf et Bochum. Le patron de la région, le chrétien-démocrate Jürgen Rüttgers, qui gouverne comme à Berlin avec les libéraux, savait qu’avec l’arrivée d’un gouvernement conservateur au plan national à l’automne dernier, les choses deviendraient pour lui plus délicates. Elu il y a cinq ans sur des terres traditionnellement sociales-démocrates, Jürgen Rüttgers sait que les élections intermédiaires sont aussi l’occasion de sanctionner au niveau local le gouvernement fédéral. Il a pour cette raison pris ces derniers mois quelques distances par rapport à la politique menée par Angela Merkel. Mais il n’avait pas prévu que la crise grecque lui compliquerait tant la tâche. Et les « pannes » commises par son entourage n’ont rien fait pour arranger les choses. Des sociétés présentes avec un stand lors des congrès de son parti pouvaient moyennant finances obtenir, qui une photo, qui un entretien avec le patron de la région.

L’avance confortable des chrétiens-démocrates et des libéraux en Rhénanie-du-Nord-Westphalie a fondu au cours des semaines. Les derniers sondages pronostiquent un coude à coude entre le camp conservateur et la gauche. Si les sociaux-démocrates emmenés par Hannelore Kraft parvenaient à reprendre la région, alliés aux Verts, cela mettrait du baume au cœur d’un parti qui a perdu en 2005 une région qu’il a dirigée quatre décennies durant. Et au plan national, cela redonnerait des couleurs à un mouvement brutalement sanctionné par les électeurs lors des élections générales de septembre avec un score historiquement bas de 23%.

Un tel résultat constituerait à l’inverse un coup dur pour Angela Merkel. Elle perdrait sa majorité à la chambre haute, le Bundesrat, qui représente les régions allemandes. La chancelière verrait son plan tactique encore un peu plus mis à mal. Car sa volonté de se mettre vraiment au travail après l’élection de dimanche se compliquerait sensiblement. Sans majorité au Bundesrat, des projets importants du gouvernement conservateur au pouvoir à Berlin seraient en danger, qu’il s’agisse de la réforme fiscale ou de celle de la santé.

Partager :