Avec notre correspondant à Kaboul, Luc Mathieu
Haji Ahmad Shah Azami était un jeune soldat afghan quand il a perdu ses deux mains en sautant sur une mine en 1986. Dix ans plus tard, les talibans prennent le pouvoir, Haji Ahmad s'enfuit à Peshawar, au Pakistan, où il doit mendier pour survivre. Aujourd'hui installé à Kaboul, il dit se méfier des négociations que le gouvernement afghan veut lancer avec les insurgés :
« Nous ne pouvons pas laver le sang avec du sang. Les combattants qui n'ont pas commis de crimes horribles peuvent être pardonnés. Tout le monde ou presque a quelque chose à se reprocher en Afghanistan. Mais il y a quelques personnes, dont le mollah Omar, qui ne sont pas excusables. Les gens comme lui devraient s'agenouiller et demander pardon ».
Nader Naderi, le porte-parole de la Commission indépendante des droits de l'homme, comprend les inquiétudes d'Haji Ahmad.
« Les voix des victimes, qui constituent une majorité de la population afghane, ne sont pas entendues lors des discussions à propos de la conférence de paix et du processus de réconciliation. La réconciliation ne devra en aucun cas permettre à des criminels bien connus de revenir au pouvoir ».