Avec notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugas
A cause d’un rebond plus marqué que prévu de l’activité aux Etats-Unis, Wall Street a été longtemps peu sensible au problème de la Grèce, d’autant que le pays paraît petit et ne pèse pas lourd au sein de l’Europe. Aujourd’hui, la donne a changé. Les investisseurs sont alarmés, car ils redoutent que l’opinion grecque refuse les sacrifices énormes qu’on lui demande. Et que dans la foulée, les réductions de dépenses publiques en Espagne, au Portugal ou en Irlande par exemple, deviennent elles aussi politiquement inacceptables.
Deux menaces découlent de ce scénario. La première est une contraction des économies des pays les plus endettés d’Europe qui fasse replonger tout le continent en récession. L’autre, est un éclatement à terme de la zone euro, avec une sortie des pays les moins compétitifs et les plus endettés, et une série de défauts de paiement de ces nations.
Les investisseurs fuient l'euro
Face à ces dangers, le 4 mai, les investisseurs ont de nouveau fui les obligations grecques, espagnoles et portugaises. Ils ont aussi fui l’euro, au profit d’obligations du Trésor américain et du dollar.
Par ailleurs, la perspective d’un ralentissement en Europe et d’une décélération délibérée en Chine ont fait plonger les cours du pétrole et d’autres matières premières. Au même moment, les actions ont décroché sur toutes les grandes bourses de la planète, car les perspectives de rebonds marqués des profits des sociétés semblent tout à coup trop optimistes.