L’euro, victime collatérale de la crise grecque

Malgré le plan de sauvetage de la Grèce, les places boursières sont dans le rouge. L’euro évoluait toujours à la baisse face au dollar, au plus bas depuis un an. La monnaie européenne est aujourd’hui sur la sellette, bon nombre d’économistes s’interrogent sur sa longévité.

L’Europe pensait être sortie de l’ornière avec l’adoption du plan d’aide de l’Union européenne et du Fonds monétaire international en faveur de la Grèce. Mais mardi la spéculation a repris de plus belle, pariant sur l’incapacité de la Grèce à redresser ses finances. Résultat, toutes les bourses européennes sont en net recul. Première victime de cette crainte des marchés : l’euro a chuté, mercredi, sous la barre des 1,29 dollar, son niveau le plus bas depuis un an. Soit une décote de 11% depuis le début de l’année.

Les investisseurs désertent la monnaie unique. Ils craignent que la crise ne se propage à d’autres pays à risque de la zone euro comme l’Espagne et le Portugal, dont la note pourrait être dégradée par l’agence Moody’s. Et les dernières rumeurs concernant un possible appel au FMI de l’Espagne qui ont agité, mardi, les marchés, n’ont fait qu’aggraver le trouble. Une rumeur démentie par le Premier ministre espagnol José-Luis Rodriguez Zapatero ainsi que par le FMI qui a assuré qu’il n’y avait « aucune vérité ».

« La fin possible de l’euro »

Mais la nervosité n’est pas retombée. Un autre élément joue contre l’euro : la décision de la Banque centrale européenne (BCE) d’assouplir ses règles de crédit pour la Grèce, en acceptant toutes les obligations grecques, quelle que soit leur note, dans ses opérations de refinancement. Pour Steven Barrow de Standard Bank Pic à Londres, « la crédibilité de la BCE en a pris un coup ».

Dans cette tourmente financière, les voix mettant en cause la survie même de la monnaie unique se font de plus en plus nombreuses. Certains diagnostics commencent à être pessimistes sur la monnaie unique. A commencer par celui du prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, qui prédit la fin possible de l’euro, si l’Europe ne parvient pas à « régler ses problèmes institutionnels fondamentaux ». Interrogé mardi sur la radio BBC 4, Joseph Stiglitz a estimé que « le plan d’aide à la Grèce ne ralentirait pas la spéculation sur un affaiblissement de la zone euro »

Des réformes structurelles

Pour les détracteurs de l’euro, la crise grecque pose une question essentielle : quel est le bien-fondé d’une monnaie réunissant des pays aux performances économiques aussi contrastées que l’Allemagne et la Grèce ? « Il est temps de reconnaitre l’échec de l’euro », estime ainsi l’économiste Jean-Jacques Rosa dans les colonnes du quotidien économique Les Echos, pour qui « la sortie de la Grèce de la zone euro est la seule solution ». Selon lui, l’euro fort étouffe littéralement la compétitivité du pays. Au fil des années, les Grecs se sont retrouvés incapables de vendre leurs produits et leurs services à l’extérieur.

Pour les défenseurs de la monnaie unique, la survie de la zone euro est possible, mais passe par des réformes structurelles. Les Européens semblent de plus en plus disposés à tirer les leçons de la crise grecque. Mercredi matin, la chancelière allemande Angela Merkel a évoqué devant les députés du Bundestag « la nécessité de changer le Pacte de stabilité ».
 

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