Le Premier ministre annonce aux Grecs de sévères mesures d'austérité

Les ministres des Finances de la zone euro ont validé dimanche 2 mai 2010 le plan d'aide d'urgence pour la Grèce de 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans, 80 milliards des membres de la zone euro, le reste étant apporté par le FMI. Le Premier ministre grec a annoncé un plan d'austérite qui prévoit des économies de 30 milliards d’euros sur trois ans, afin de ramener le déficit public sous le seuil des 3 % du PIB.  Les syndicats grecs appellent a faire barage à ce plan d'austérité. Un sommet extraordinaire de la zone euro sur la Grèce est convoqué le 7 mai.

Avec notre correspondante à Athènes, Amélie Poinssot

C’est un dimanche matin difficile pour les Grecs. La cure d’austérité sans précédent que les médias leur annonçaient déjà depuis quelques jours, est devenue réalité.

Le Premier ministre a pris solennellement la parole ce 2 mai au matin, depuis le Parlement, pour annoncer aux Grecs des sacrifices nécessaires pour éviter la faillite du pays, comme il a dit. Ensuite, c’est le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, qui a détaillé la série de mesures qui vont entrer en vigueur.

Il y a notamment la suppression complète des 13e et 14e mois dans la fonction publique et dans le versement des retraites. Le ministre a également annoncé le gel des salaires et des retraites du secteur public. La TVA est par ailleurs augmentée à nouveau de 2% ; c’est la deuxième fois depuis le début de l’année. Elle passe donc à un taux de 23%.

L’objectif de toutes ces mesures c’est de faire passer le déficit budgétaire du pays sous la barre des 3 % en 2014, sachant que pour l’heure il s’élève à 13,6 % du PIB et il s’agit aussi de réduire à terme la dette colossale du pays qui devrait encore augmenter légèrement jusqu’en 2013.

Pour essayer de faire passer la pilule qui va être difficile à avaler pour la population, le ministre a insisté : « Nous sommes conscients que ce sont des mesures difficiles » a-t-il dit, « mais en contrepartie nous allons bénéficier d’une aide financière ».
Le montant global de l'aide financière du FMI et des pays de la zone euro à la Grèce en échange de nouveaux sacrifices sera « sans précédent au niveau mondial » a déclaré ce dimanche 2 mai le Premier ministre grec.

Ce n'est pas une décision agréable...

Un extrait de l'allocution radiotélévisée de Georges Papandréou ce dimanche matin : « Nous avons présenté un plan pour une Grèce différente. Nous avons pris des mesures difficiles, mais qui sont nécessaires. Nous avons réussi à dire à nos partenaires que les problèmes de la Grèce n’étaient pas seulement les nôtres, cela touche aussi au fonctionnement des marchés, cela touche même à la protection de l’Europe. Ce n’est pas une décision agréable pour moi, ni pour personne d’entre nous. Mais [mon parti] le PASOK a toujours en ligne de mire l’intérêt de sa patrie, rien d’autre. Mesdames et messieurs, je sais que ces sacrifices sont durs, mais ils sont nécessaires afin de pouvoir refinancer les 300 milliards d’euros de notre dette. Si on ne se refinance pas, la Grèce va être en faillite ».

Le Premier ministre grec n'a pas fourni le chiffre de l'aide conjointe de l'UE et le FMI. Christine Lagarde, la ministre française de l'Economie, évoquait samedi 1er mai un montant pouvant aller jusqu'à 120 millards d'euros étalé sur trois ans.

La riposte des syndicats grecs n'a pas tardé

La centrale syndicale des fonctionaires Adedy a immédiatement appelé les Grecs à « faire barrage » à ces mesures « antisociales », qui « conduisent à la paupérisation de la société » et « rendent les riches plus riches et les pauvres plus pauvres ». « Ce sont les mesures d'austérité les plus injustes et les plus dures de l'histoire moderne de la Grèce », estime la plus grande centrale syndicale du pays qui maintient donc l'appel à la grève générale mercredi 5 mai 2010. 

L'Eurogroupe décide d'activer le plan d'aide à la Grèce : 110 milliards d'euros

Les ministres des Finances de la zone euro ont décidé à Bruxelles d'activer le mécanisme de prêts bilatéraux destinés à venir en aide à la Grèce, a annoncé à dimanche soir 2 mai 2010 le Premier ministre luxembourgeois et président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker.  Il a indiqué que le « paquet » financier qui serait mis à disposition des autorités grecques au cours des trois prochaines années serait de 110 milliards d'euros, dont 80 milliards à la charge des pays de la zone euro. La contribution européenne sera de 30 milliards dès 2010 et les premiers fonds parviendront à Athènes avant le 19 mai, a précisé Jean-Claude Juncker. Un sommet extraordinaire de la zone euro se tiendra vendredi 7 mai à Bruxelles.

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