Avec notre correspondant à Vienne, Blaise Gauquelin
« Un exercice dangereux ». Voilà comment un diplomate occidental en poste à Vienne, interrogé par RFI, a qualifié l’initiative autrichienne de relancer le dialogue avec Téhéran au sujet de son programme nucléaire. Informés très tardivement de la venue de Manouchehr Mottaki, Britanniques, Américains et Français ont fait pression conjointement auprès du ministre autrichien des Affaires étrangères, pour qu’il renonce à rencontrer son homologue. En vain.
Ses partenaires de l’Union européenne reprochent à l’Autriche et à Michael Spindelegger de saper les efforts franco-américains pour isoler l’Iran. Car en plus de recevoir M. Mottaki sur son sol, l’Autriche a également fait pression auprès de l’AIEA, afin qu’elle ouvre, elle aussi, ses portes en grand au chef de la diplomatie iranienne. Un déjeuner entre Manouchehr Mottaki et Yukiya Amano a même un temps été envisagé, mais finalement, le directeur de l’agence a reculé : il a opté pour une « simple rencontre de travail ».
En coulisse, les Occidentaux sont fébriles. Ils s’inquiètent de l’offensive diplomatique iranienne actuelle contre de nouvelles sanctions, et surtout de l’écho qu’elle trouve dans plusieurs pays membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, alors que rien ne filtre du message que la République islamique fait passer. Ils observent également, pour le moment sans les commenter, les rencontres officieuses… entre Russes et Iraniens.
Des Russes qui soutiennent jusqu’à présent les sanctions, mais qui n’ont pas mis un terme à leurs contacts directs avec les Iraniens. Vladimir Poutine était à Vienne en même temps que M. Mottaki. Officiellement, il était là pour assister… aux championnats d’Europe de judo. Mais les observateurs doutent que la présence de ces deux responsables de haut rang en Autriche en même temps, soit fortuite.
« Ce ne serait pas la première fois que Russes et Iraniens dînent ensemble à Vienne, en marge d’un agenda officiel servant alors de prétexte », dit un responsable autrichien des services de renseignement.