Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Dernier chef de la dictature, Reynaldo Bignone occupait la présidence quand les militaires commençaient à se retirer et la répression était moins cruelle. Le 10 décembre 1983, date du rétablissement de la démocratie en Argentine, c’est lui qui remet l’écharpe présidentielle à Raul Alfonsin. C’est sans doute pour cette raison que l’on était arrivé à penser qu’il ne faisait pas partie des « durs ».
Erreur ! Avant d’occuper le fauteuil présidentiel, dans les fonctions que lui avait attribuées le régime, Bignone a commis des crimes contre l’humanité. Comme coauteur de perquisitions illégales et de privation illégitime de liberté, la justice l’a condamné à 25 ans de prison, la peine maximale pour ce type de crime. Même sentence pour deux de ses coaccusés. Quatre autres anciens chefs militaires ont été eux condamnés à des peines comprises entre 20 et 17 ans de réclusion.
Bignone et les autres ex-officiers ont déclaré avoir dû livrer une véritable guerre dans les années 70 ce qui a déclenché les protestations des proches des victimes présents dans la salle.
Quelques minutes plus tard, le public a applaudi la décision de la cour de faire exécuter les peines dans des prisons communes malgré l’âge avancé des condamnés.