Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
De toute évidence, cette élection n’est pas une très bonne nouvelle pour Ankara. Dans la presse locale, les éditorialistes avaient très ouvertement appelé à la réélection du président sortant, Mehmed Ali Talat. Car le nationaliste Dervis Eroglu est l’héritier direct du vieux leader Rauf Denktash, un « Mister No »local, et son empressement à s’entendre avec les Chypriotes grecs est donc douteux.
Le nouveau président a pourtant promis, dès avant le scrutin et également à peine élu, qu’il poursuivrait bien les négociations en cours depuis quasiment vingt mois. Et ce qui peut aussi rassurer, c’est qu’il a également annoncé que sa première mission serait d’aller consulter les dirigeants turcs.
Le Premier ministre Tayyip Erdogan l’a en fait déjà mis en garde : pas question de remettre en cause les points d’accord acquis au fil de ces longs mois de négociations, et pas question non plus de quitter la table des négociations. Ce qui, au passage, montre qu’à Ankara, l’optimisme n’est pas débordant.
Or, rappelons le, la Turquie souhaite ardemment la conclusion de ce processus de réunification qui lui ouvrirait la voie de l’Union européenne. D’après les analyses des journaux, la crainte côté turc est que la partie chypriote grecque n’exploite le peu d’enthousiasme du négociateur Eroglu pour bloquer la dynamique de réconciliation, alors que l’on commençait à entrevoir le bout du tunnel.