« Nombre de psychologues, de psychiatres, ont démontré qu'il n'y avait pas de relation entre célibat et pédophilie, mais beaucoup d'autres ont démontré et m'ont dit récemment qu'il y a une relation entre homosexualité et pédophilie ». Ces propos du numéro 2 du Vatican ont déclenché une telle vague d'indignation que le Vatican a dû prendre ses distances avec les certitudes du cardinal Tarcisio Bertone.
« Les autorités ecclésiastiques ne jugent pas de leur compétence de faire des affirmations générales de caractère spécifiquement psychologique ou médical, lesquelles relèvent naturellement des études des spécialistes et des recherches en cours sur le sujet », a déclaré le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.
La France a réagi officiellement mercredi : « Il s'agit d'un amalgame inacceptable que nous condamnons », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. La France rappelle son engagement résolu dans la lutte contre les discriminations et les préjugés liés à l'orientation sexuelle et l'identité de genre qui s’est notamment traduit par la présentation d'un texte à l'Assemblée générale des Nations unies en décembre 2008. Ce texte a été cosigné par 66 pays.
La France avait déjà réagi à plusieurs reprises à des prises de positions controversées du Saint-Siège sur les questions de sexualité, critiquant notamment les propos de Benoît XVI ; en mars 2009 au Cameroun, le pape avait déclaré que le préservatif « aggravait » le problème du sida.
La pédophilie au sein de l’Eglise, un scandale difficile à gérer
Le Vatican a commis de nombreux faux pas dans la gestion de ce scandale. Le prédécesseur du cardinal Bertone a comparé les mises en cause du pape sur la pédophilie à celles visant le rôle du pape Pie XII pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le prédicateur du Vatican a fait un parallèle entre l'antisémitisme et les attaques visant l'Eglise dans son sermon du Vendredi Saint, choquant la communauté juive et les victimes des prêtres pédophiles.
Frappé par le nombre impressionnant de cas de pédophilie au sein de l’Eglise catholique d’Irlande, le Vatican a, dans un premier temps, laissé entendre qu’il s’agissait d’un problème spécifiquement irlandais. Dès le début de son pontificat, le pape Benoît XVI a interdit l'entrée du séminaire aux hommes ayant des tendances homosexuelles. Une mesure qui affecte sérieusement le nombre de candidats à la prêtrise alors que l'Eglise souffre d'une profonde crise de vocations. Personne n'a pensé à l'époque que le Vatican pouvait lier homosexualité et pédophilie : une orientation sexuelle et des agissements criminels.
Les enfants des deux sexes sont victimes des pédophiles, des prédateurs qui profitent de leur ascendant sur les enfants pour leur imposer des relations sexuelles. Ils peuvent être aussi bien des prêtres que des coachs sportifs ou des pères de famille. Les organisations de défense des homosexuels parlent de diffamation et d'homophobie. Les familles homoparentales se disent choquées par cet amalgame, elles dénoncent des propos qu'elles jugent d'autant moins acceptables qu'ils sont selon elles destinés à détourner l'attention sur le scandale des prêtes pédophiles. Le Vatican est toujours soupçonné d'avoir imposé le silence jusqu'en 2001 sur les agissements des pédophiles au sein de l'Eglise.