C'est en 1945 que la protection sociale telle que nous la connaissons voit le jour, et avec elle l'idée d'un dispositif basé sur la solidarité entre les générations. Ce système a perduré même si les réformes et les contre-réformes l'ont quelquefois menacé dans son existence. Cela a été le cas, par exemple, en 1953. Le gouvernement de l'époque avait envisagé d'en finir avec les régimes spéciaux et de reculer l'âge légal du départ à la retraite qui était pourtant fixé à 65 ans. Ce fut un échec, les Français se mobilisant largement pour repousser cette première contre-réforme.
Il n'empêche, le débat restera ouvert sans jamais être tranché peut-être parce que comme le disait Michel Rocard, « la réforme des retraites peut faire tomber vingt gouvernements ». Résultat, c'est le statu quo permanent ou avec des aménagements à la marge. En 1993 Edouard Balladur impose un allongement de la durée du travail. De 37,5 années elle passe à 40 ans.
En 1995, c'est Alain Juppé qui se casse le nez sur les régimes spéciaux. Il doit reculer. Lionel Jospin qui lui succède ne fera rien. Et Jean-Pierre Raffarin se contentera, lui aussi, d'allonger une nouvelle fois la durée du temps travail avant que Nicolas Sarkozy lui-même, s'attaque aux régimes spéciaux et les aligne sur le régime général.