Au Kirghizistan, le président déchu défie le pouvoir

Le président Kourmanbek Bakiev sort au grand jour. Pour la première fois depuis le coup de force qui l'a obligé à fuir la capitale, il s’est adressé ce lundi 12 avril à ses partisans dans son village de Teyyit au sud du pays. Les témoignages recueillis sur place parlent d'une foule de plusieurs milliers de personnes rassemblée pour l'entendre. Preuve que la tension est loin de se dissiper entre l’ancien président et le gouvernement intérimaire en train de consolider son pouvoir à Bichkek.

Kourmanbek Bakiev a décidé de jouer à fond la carte du factionnalisme, qui oppose traditionnellement le Sud au Nord du pays, c'est la dernière carte qui lui reste entre les mains. Il l'a reconnu lui-même, dès le lendemain de son éviction, il ne dispose plus des leviers du pouvoir, notamment des forces de sécurité qui ont réprimé les manifestations puis basculé de l'autre côté. En revanche, ce qu'il n'admet pas, c'est de renoncer à la présidence de la République kirghize.

Les opposants qui ont pris sa place lui ont demandé de quitter le pays, lui a parlé de négociations, mais dans des termes inacceptables pour les opposants d'hier. S'il restait au pays, il devrait sans doute répondre en justice d'accusations de détournements de biens publics. Les charges pesant contre lui et sa famille n'ont cessé de s'accumuler depuis son arrivée aux affaires il y a cinq ans. Pour l'instant, les nouvelles autorités de l'État ont ouvert quatre procédures contre ceux qui ont ordonné aux soldats de tirer dans la foule. Ils recherchent notamment l'ancien chef de la sûreté de l'État, un certain Janysh Bakiev, le frère du président déchu.

En se montrant au grand jour face à ses partisans locaux, Gourmanbek Bakiev tente apparemment de retarder l'opération que le nouveau gouvernement s'apprête à lancer contre lui. C'est plus un geste désespéré qu'une véritable stratégie de reconquête du pouvoir. Comment le pourrait-il ? Il a Moscou contre lui, et par ailleurs Washington ne lui a pas été d'un grand secours jusque-là.

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