Avec notre correspondant à Bangkok Arnaud Dubus
Le convoi progresse au pas dans un silence recueilli. En tête de cortège, des véhicules utilitaires transportant les cercueils des victimes alors . Des manifestants brandissent leur photo. « On ne connaît que son prénom, on ne sait pas son nom, ni d'où il vient. Mais on sait qu'il s'est sacrifié pour notre cause », dit un bonze dans un mégaphone. Des femmes au bord des rues pleurent en agitant des foulards rouges. Long d'une vingtaine de kilomètres, le cortège a bloqué la circulation dans l'ensemble de la capitale.
Près du quartier touristique de la rue Khao San, des « chemises rouges » viennent rendre hommage aux victimes à l'endroit même où elles sont tombées. Elles brûlent des bâtons d'encens, selon la tradition, on dépose quelques billets. Les murs sont criblés d'impacts de balles.
L'atmosphère est à l'émotion, mais aussi à la colère. Certains viennent frapper avec des barres de fer les automitrailleuses à moitié détruites lors des affontements du 10 avril. D'autres écrivent au pied du monument de la Démocratie, tout le mal qu'ils pensent du gouvernement d'Abhisit Vejjajiva. Sur les murs sont affichées les photos des victimes dont beaucoup tuées par une balle en plein visage.