En juin 2009, le président de la République, Nicolas Sarkozy a lancé l'initiative «2010-Année de l'Afrique». C'est à l'ancien ministre*, Jacques Toubon, président de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration qu'il a confié la tâche d'organisation.
Selon le communiqué de l'Elysée, l'agenda devait initialement comporter trois volets: «l'achèvement de la réforme des principaux instruments de [notre] relation tant sur le plan économique que politique, déjà amorcée par la renégociation des accords de défense (...) la célébration de notre histoire commune, en particulier la contribution de l'Afrique à la Libération de la France et la marche vers les indépendances».
Entre-temps, l'Année de l'Afrique a subi quelques contre-coups, rattrapée par les évènements du terrain et les aléas de la politique nationale et internationale. L'opération a été rebaptisée «Cinquantenaire des indépendances africaines».
Le secrétariat général du Cinquantenaire, qui travaille avec trois ministères nationaux (Défense, Affaires étrangères et Culture), soutient aujourd'hui financièrement 250 projets dont le nombre «peut évoluer» et représentant une dépense de 16,3 millions d'euros.
Les projets retenus couvrent des manifestations culturelles. Certaines régulières comme le festival Etonnants Voyageurs à Bamako (Mali) et à Saint-Malo (France), Africaphonies à Paris, Les Récréatrales à Ouagadougou (Burkina Faso), le Forum africain du film documentaire à Niamey (Niger), qui auront un volet spécial Cinquantenaire, ou bien des évènements plus particuliers comme un festival itinérant de films africains dans 14 pays, la présentation de films tournés en 1930-1940 par le Centre national du cinéma, des expositions (peinture, photos, cartes postales...) la production de CD et de documents historiques commémoratifs.
«Il y a une certaine ignorance, en France et en Afrique sur l'histoire de l'Afrique, sur les années 60 et sur les années qui ont précédé et cela n'aide pas à clarifier les relations entre nos pays», explique le président de la Cité de l'Immigration, avant de souhaiter que la série de débats et de conférences programmés pour ce cinquantenaire des indépendances, ne s'en tienne pas à dresser des bilans «négatifs ou positifs, glorieux ou honteux. Il ne s'agit pas de se demander : "a-t-on avancé, a-t-on reculé ?" mais d'analyser les évolutions des uns et des autres depuis les indépendances. De l'héritage historique commun, il faut faire un capital pour l'avenir».
Le défilé du 14 juillet 2010
L'un des temps forts de la commémoration des indépendances africaines en France sera le défilé des troupes africaines, à l'occasion de la Fête nationale du 14 juillet, précédé par un «sommet familial» des 14 chefs d'État de l'Afrique francophone.
L'évènement est objet de controverses à la fois côté africain -il suffit de lire les commentaires des internautes de notre enquête participative- et côté français, puisqu'il sous-entend le défilé d'armées, bien souvent synonymes de coups d'État ou de répression.
L'armée française, bombardée à Bouaké, en Côte d'Ivoire, en 2004, défilant aux côtés d'une section de l'armée ivoirienne ?
Aux offres de soutiens financiers à des évènements commémoratifs, Laurent Gbagbo, par ailleurs invité à la réunion du 13 juillet, a pour l'instant, selon le secrétaire général du Cinquantenaire, répondu que «La Côte d’Ivoire entend célébrer le cinquantenaire seule, dans le cadre de sa politique nationale de refondation.»
Pour Jacques Toubon, le défilé du 14 juillet est «la reconnaissance de la France et de l'Europe aux centaines de milliers de soldats africains qui ont participé à la Première et à la Seconde Guerre mondiale, dans les armées régulières et dans la Résistance et qui ont sacrifié leurs vies.»
Plusieurs manifestations en hommage à la «Force Noire» sont au programme des commémorations du Cinquantenaire, notamment une exposition itinérante présentée dans les 14 capitales africaines et un muséobus dans les principales villes françaises afin de faire connaître l'histoire des Tirailleurs sénégalais.
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* 1993-1995. Ministre de la Culture et de la Francophonie
1995-1997. Ministre de la Justice