Willem Harmse, un homme d’affaires, avait saisi les magistrats de la Haute cour lorsque Julius Malema, l’impétueux dirigeant de la Ligue des jeunes de l’ANC, eût entonné cette ritournelle lors d’une réunion publique. Les partis d’opposition et la minorité blanche crient au scandale. Quant au parti du président Jacob Zuma, il estime que les paroles de cette chanson font partie de l’histoire du mouvement de libération.
« Il serait dommage que notre héritage soit déclaré hors-la-loi par des tribunaux », c’est dans ces termes que l’ANC a commenté la décision de justice qui a banni le refrain « dubula ibunu » qui signifie, selon les juges, « tuons l’homme blanc ». Le parti de Jacob Zuma, dont le chant préféré « Umshini Wami » veut dire « apportez-moi ma mitraillette », a organisé en fin de matinée de ce mardi 30 mars 2010 une conférence de presse sur le thème de la « Protection de l’histoire ».
L’ANC refuse, donc, de céder malgré la polémique suscitée par ce vieux chant de lutte. Le Congrès du peuple (Cope) - un parti fondé par des dissidents de l’ANC - ainsi que l’Alliance démocratique (DA) et les Indépendants démocrates (ID) ont tous vilipendé le parti au pouvoir. Ils dénoncent un « climat d’intolérance » qui rappelle, selon eux, les heures sombres du régime de l’Apartheid.
Le président Jacob Zuma, lors de son discours d’investiture en mai dernier, avait promis de prolonger l’œuvre de Nelson Mandela en faveur d’une nation unie et réconciliée. Mais l’ANC semble déterminé à saisir la Cour constitutionnelle pour que, partout dans le pays, l’on puisse entonner un refrain dont les paroles incitent à la haine. C’est tout du moins ce qu’avait déclaré en 2003 la Commission sud-africaine des droits de l’homme à propos du chant « Ayasab’ amagwala » (« les lâches sont effrayés »).