Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Après deux semaines de manifestations, les «chemises rouges» avaient grandement besoin d'une victoire symbolique pour maintenir le moral de leurs troupes. Ils l'ont obtenue relativement facilement, en chassant les militaires des pagodes bouddhiques et des universités où ils sont postés depuis l'imposition d'une loi spéciale sur la sécurité intérieure par le gouvernement.
Le porte-parole de l'armée avait d'abord rejeté la demande des «chemises rouges», mais devant le risque de confrontation avec des manifestants parmi lesquels beaucoup de femmes et d'enfants, il a finalement cédé.
Cette volonté des «chemises rouges» de s'en prendre aux militaires témoigne du dilemme auquel elles font face. Soit elles continuent à recourir à des méthodes pacifiques et le mouvement s'épuise de lui-même. Soit les leaders décident d'opter pour une approche plus conflictuelle et ils peuvent espérer créer une situation chaotique qui déstabilise le gouvernement.
Toutefois, les «chemises rouges» sont conscientes que tout emploi de la violence les discréditerait vis-à-vis d'une grande majorité de la population de Bangkok. Déjà, des associations d'hommes d'affaires ont manifesté pour demander un arrêt de la campagne anti-gouvernementale, laquelle a fortement affecté le tourisme.