Le low cost fait école

Les hôtesses et stewards de British Airways seront à nouveau en grève ce week-end pour maintenir leurs avantages. A Air France, la grève a été évitée de justesse mais partout les grandes compagnies aériennes resserrent les coûts pour lutter contre la montée en puissance des compagnies à bas coût, les low cost.

Les compagnies aériennes à bas coût ne connaissent pas la crise. Bien au contraire, le nombre de voyageurs transportés en low cost sur les courts et moyens courriers, c'est-à-dire moins de quatre heures de vol, se rapproche sensiblement du trafic des grandes compagnies sur les mêmes lignes. Soixante-cinq millions de voyageurs l'an dernier pour Ryanair et 46 millions pour Easy Jet contre 74 millions pour Air-France-KLM dont 51 millions en Europe, là où les compagnies sont en concurrence.

Concurrence, c'est en effet le maître mot pour qualifier le trafic aérien européen ces dernières années. Deux éléments entrent en ligne de compte : internet et l'évolution de la demande des passagers. Avec internet, les voyageurs ont accès d'un coup d'œil à toute la gamme de prix. Et, de plus en plus, les consommateurs de voyages comme pour le reste, voiture ou grande distribution, recherchent un produit moins cher, sans fioritures ni options inutiles. C’est la grande force des compagnies low cost qui, sur un vol de trois heures, ne proposent ni repas ni même boisson gratuite. Pour les services supplémentaires, il faut payer. L'idée c'est qu'on prend l'avion comme on prend le train. Les grandes compagnies aériennes dont ce n'était pas du tout la culture sont contraintes de s'adapter. Car en Europe, le marché des vols dans un périmètre de deux heures représente 500 millions de passagers, un marché qui vaut la peine qu'on se batte pour le conserver ou le conquérir. Aux Etats-Unis, où le low cost a déjà 40 ans, il représente la moitié des trajets intérieurs. En Europe, on en est encore qu'à 35%.

Les grandes compagnies s’adaptent

Les grandes compagnies aériennes vont-elles se mettre à faire du low cost ? C'est la tendance même si elles s'en défendent. Par exemple, Air France-KLM lance à compter de dimanche les tarifs « voyageurs » différents des « premium », avec des prix en baisse jusqu'à 30% et une offre simplifiée. Pour y parvenir, les compagnies améliorent le taux de remplissage des avions mais jouent aussi sur les coûts de personnel qui sont deux fois élevés à Air France que chez Easy Jet ou Ryanair. Et c'est là que le bât blesse. Ce week-end, les navigants commerciaux de British Airways protestent contre la suppression des vols à prix réduits auxquels ils avaient droit. Quant aux syndicats d'Air France, ils estiment à 220 le nombre d'emplois d'hôtesses et stewards menacés. En matière de personnel, la recherche de productivité est évidente. Les hôtesses d'Easy Jet participent au ménage dans les appareils. Tandis que les pilotes, certes ils ne sont pas moins payés que les pilotes d'Air France, mais ils travaillent en moyenne 130 heures de plus par an.

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