Les négociations sur les retraites, l’un des dossiers au cœur de la mobilisation de ce mardi, sont désormais du ressort d’Eric Woerth, en remplacement de Xavier Darcos qui occupait la fonction depuis juin 2009. Un dossier brûlant.
Le nouveau ministre n'aura guère le loisir de s'installer car le temps presse. Le 14 avril prochain le Conseil d'orientation des retraites rendra publics les différents scénarios possibles de la réforme des retraites.
Comme cela a été prévu lors du sommet social à l'Elysée le 15 février dernier, ce rapport donnera le coup d'envoi des discussions avec les syndicats et le patronat qui se poursuivront jusqu'en septembre, date à laquelle le gouvernement prendra des décisions.
La tache du nouveau ministre ne sera pas facile. Nicolas Sarkozy rejette l'hypothèse d'une baisse du montant des retraites. Les organisations d'employeurs repoussent l'idée d'une hausse des cotisations. Quant aux syndicats, ils sont pour la plupart opposés à un recul de l'âge de la retraite après 60 ans, et à l'allongement des carrières. Dans les sondages les Français leurs donnent majoritairement raison. Le mécontentement manifesté aux élections régionales dimanche 21 mars, que ce soit dans les urnes ou dans l'abstention, devrait donc inciter le gouvernement à la prudence. En effet, la réforme des retraites était déjà l'enjeu du mouvement social de grande ampleur qu'a connu la France en 1995.
La montée en puissance d'Eric Woerth
Eric Woerth, un homme de confiance pour Nicolas Sarkozy. C’est l'homme qui tient les cordons de la bourse à l'UMP, et au gouvernement jusqu'ici, en tant que ministre du Budget. Eric Woerth est un ancien proche d'Alain Juppé. Il s'était rapproché de Nicolas Sarkozy dès la montée en puissance du ministre de l'Intérieur, au début du second mandat de Jacques Chirac.
Depuis 2007, c'est lui qui a mis en oeuvre deux des principales promesses du chef de l'Etat : le bouclier fiscal, et le non-remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux. Homme de confiance et homme de rigueur : le portrait idéal pour conduire l’épineux dossier des retraites.
Eric Woerth succède donc au ministère du Travail à Xavier Darcos, la victime expiatoire du remaniement ministériel. Xavier Darcos était l'un des poids lourds du précédent gouvernement. Il fut un temps où on lui prédisait même la succession de François Fillon à Matignon. Mais ce proche d'Alain Juppé lui aussi, agrégé de lettres classiques, n'a jamais trouvé sa place au ministère du Travail. Et après sa déroute personnelle aux régionales dans la région Aquitaine (28% des voix seulement au second tour), il apparaissait trop démonétisé, trop fragilisé pour conduire les âpres négociations qui s'annoncent sur le dossier des retraites.