Régionales 2010 : les enseignements du scrutin

Le résultat des élections régionales constitue une sanction d'un bilan national par le biais d’un vote régional, quoiqu'en disent les leaders de l'UMP. C'est même un échec personnalisé. Celui de Nicolas Sarkozy qui s'est engagé sans s'engager tout en s'engageant énormément. De plus, ce sont vingt ministres qui sont défaits, soit la quasi totalité du gouvernement qui s'était engagé dans la bagarre…

Après cela, allez raconter qu'à « scrutin national enjeu national » et « scrutin régional enjeu régional » : personne ne vous prendra au sérieux. C'est pourtant ce que fait la majorité depuis le premier tour et même avant. Minimiser la portée de ces élections, c'est tenter de désamorcer une bombe politique. Engager un remaniement à minima comme cela a été annoncé, c'est également tenter de désamorcer une bombe politique.

L'Elysée a-t-il bien entendu le message ?

Faire en sorte que François Fillon ne présente pas sa démission au lendemain de l’élection, c'est aussi éviter de donner à un scrutin régional un retentissement national et là, pas question pour l'Elysée... Mais Nicolas Sarkozy et François Fillon ont beau faire, il y a dans la majorité un fort ressentiment contre le chef de l'Etat. C'est la rupture, c'est l'ouverture, le rythme des réformes et le contenu de certaines d'entre elles qui sont contestés de l'intérieur. Bref, c'est l'action et le style imposés qui ne conviennent plus, le tout étant de savoir si l'Elysée a bien entendu le message et si des enseignements en seront tirés.

Nous savons déjà que François Fillon sera reçu aujourd’hui lundi 22 mars par le chef de l'Etat. Demain, c'est Jean François Copé qui réunit tous les députés de la majorité avec la promesse d'un débat houleux à huis clos. Enfin, mercredi, Nicolas Sarkozy devrait, en conseil des ministres, faire le bilan et tracer la perspective. Il est en position d'extrême faiblesse politique.

En finir avec le penchant hégémonique des socialistes

La gauche n'a certes pas réalisé le grand chelem, mais la droite a subi une déculottée si sévère, qu'elle contribue déjà largement à son bonheur. La victoire aux élections régionales est en effet une grosse satisfaction pour les socialistes et leurs alliés avec une première conséquence, la plus visible, c'est que Martine Aubry engrange là un premier succès après des mois et des mois de difficultés. Et si elle a été mal élue au congrès de Reims, les résultats d'hier devraient lui permettre d'asseoir sa légitimité et de marquer des points décisifs dans la course à la présidentielle, le prochain combat électoral à mener avec l'organisation de primaires en 2011.

La question, toute la question même pour les socialistes, c'est donc de savoir s'ils vont pouvoir utiliser cette dynamique de la victoire ainsi créée, si les chefs vont continuer à jouer collectif ou s'ils vont être repris par le démon de l'ambition personnelle et de la division. Martine Aubry, et c'est là sa responsabilité la plus importante, doit maintenir la cohésion des socialistes pour qu'ils travaillent au projet pour 2012, mais aussi cohésion avec ses alliés dont elle aura besoin le moment venu. Elle devra donc veiller tout particulièrement à en finir avec ce penchant hégémonique qui est souvent celui des socialistes et que dénoncent les Ecologistes qui partagent largement la victoire de la gauche.

D'ailleurs dès le soir du 20 mars, ces mêmes écologistes ont prévenu qu’ils voulaient être entendus et ne pas simplement faire de la figuration. Pour y parvenir, Daniel Cohn-Bendit lance aujourd'hui son appel du 22 mars, en référence au mouvement du 22 mars 1968.

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