La réforme des retraites au cœur du sommet social

Les partenaires sociaux ont été reçus lundi 15 février, à l'Elysée, par Nicolas Sarkozy. Au programme de ce troisième sommet social, l'emploi, le pouvoir d'achat, et bien sûr la réforme des retraites. Sur ce dernier dossier, le chef de l’Etat a affirmé vouloir prendre le temps du dialogue.

Présentée comme indispensable par le président Sarkozy, la réforme des retraites pourrait être bouclée à l’automne. Le sujet est épineux, car impopulaire. En France comme dans d'autres pays d'Europe, l’espérance de vie ne cesse d’augmenter. On prévoit qu'en 2015 il y aura deux millions de personnes de plus de 85 ans. Cette évolution démographique bouleverse l'équilibre du régime des retraites par répartition, puisqu’il y aura plus de retraités que d'actifs.

Dès cette année, le régime général pourrait connaître un déficit de plus de 10 milliards d'euros. Le sujet est explosif, et les économistes font des projections alarmantes. Certains, par exemple, estiment qu’à partir d'un taux de chômage stable à 4,5%, ce qui est très optimiste, il faudrait 25 milliards d'euros pour financer les retraites en 2020, soit 1 point du produit intérieur brut. Le Premier ministre, François Fillon, est encore plus pessimiste puisque selon lui, en 2050, il manquera 100 milliards d'euros dans les caisses !

Plusieurs pistes sont envisagées

Le Chef de l'Etat s'étant déclaré hostile à la baisse du montant des pensions et à la hausse des prélèvements sociaux, il ne reste pas d'autres solutions que d'augmenter la durée des cotisations et de reculer l'âge légal du départ à la retraite. Cette seconde hypothèse semblerait d'ailleurs la plus lucrative. Un report à 62 ans de l'âge légal de la retraite pourrait engendrer plus de 6 milliards et demi d’euros de ressources.

Si la solution semble séduisante, il ne faut pas pour autant, oublier la réalité du marché de l’emploi en France : 24% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage et les séniors en activité ne sont plus que 38%. Et si en France l'âge légal de la retraite est à 60 ans, dans les faits les Français ont déjà, d'eux-mêmes, reculé l'heure du départ, puisqu’ils partent en moyenne à 61 ans et cinq mois.

Des mesures jugées inégalitaires

Selon un sondage de l’Institut français d’opinion publique (Ifop) paru dimanche, six Français sur dix se disent contre le recul de l’âge légal de départ à la retraite, et plus d’un Français sur deux se prononcent contre l’allongement de la durée du temps de travail.

Pour les syndicats, retarder de manière unanime l'âge du départ à la retraite est une mesure injuste. Notamment pour les moins diplômés qui sont arrivés sur le marché du travail très tôt et qui ont souvent occupé des emplois pénibles. Ce serait une pénalité supplémentaire. Quant à ceux qui ont fait des études longues et qui sont entrés tard en activité, retarder le départ à la retraite équivaut à ne pas en profiter ou très peu.

Nos voisins ont déjà franchi le pas

Dans les autres pays d’Europe, l’âge légale de la retraite est partout de 65 ans voire plus. Il semble que nos voisins n’ont pas autant tergiversé. Face à l’allongement de la durée de vie et à la chute du taux de natalité, pour sauver leur régime de retraite, les Norvégiens et les Danois travaillent jusqu’à 67 ans. L’Espagne vient de prendre des mesures similaires en repoussant de deux ans l’âge de la retraite à 67 ans. La situation est identique en Allemagne ou aux Pays Bas.

En France, Nicolas Sarkozy vient d'annoncer qu'un projet de loi sur la réforme des retraites sera déposé à l'automne prochain, et non pas avant l'été comme le craignaient les syndicats. Le président assure qu'il veut laisser le temps à la négociation mais il affirme aussi que le moment venu il prendra ses responsabilités. La concertation sur la réforme des retraites va débuter en d'avril. Les partenaires sociaux ont du pain sur la planche d'autant que Nicolas Sarkozy veut que la réforme soit bouclée avant la fin de l'année.

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