La majorité des observateurs nigérians est formelle. Le conflit qui endeuille régulièrement la ville de Jos et ses environs depuis 2001 est une crise d’ordre ethnique à coloration religieuse. De fait, l’Etat du Plateau est une région tampon au Nigeria à mi-chemin entre un Nord majoritairement musulman, et un Sud à dominante chrétienne.
Les mouvements de population sont certes une constante dans la région. Mais, au fil du temps, ils ont pris une tournure plus délicate, à tel point qu’ils mettent aujourd’hui les Berom, un des groupes ethniques majoritaires de la région, en situation défensive. La raison à cela, c’est qu’au début du XX siècle de nombreux Haoussas sont venus s’installer à Jos pour les besoins de l’industrie minière, indique Monday Mongwat, historien à l’université de Jos.
Parallèlement, des pasteurs nomades de l’ethnie peul fulani ont migré à la recherche de pâturages. D’un côté, ces migrations ont entraîné des conflits liés à la terre particulièrement riche, de l’autre c’est la religion qui a été instrumentalisée au nom du combat politique, explique un politologue nigérian. Pour cause, si les Berom sont majoritairement chrétiens, les Haoussas et les Peuls fulani, eux, sont musulmans.