Les massacres de Jos : une crise d'ordre ethnique à coloration religieuse

Le gouverneur de l'Etat central nigérian du Plateau, où plus de 100 chrétiens ont été massacrés le week-end dernier, a proclamé trois jours de jeûne pour « implorer auprès de Dieu » le pardon et la paix. La période de jeûne commence ce jeudi 11 mars. Pour de nombreux habitants, ces massacres entre musulmans fulani et chrétiens berom illustrent des frustrations croissantes entre les deux ethnies, les Fulani étant des bergers nomades et les Berom des fermiers rendus furieux par le vol de bétail. Selon le responsable de la police, 109 personnes ont péri dans ce massacre.

La majorité des observateurs nigérians est formelle. Le conflit qui endeuille régulièrement la ville de Jos et ses environs depuis 2001 est une crise d’ordre ethnique à coloration religieuse. De fait, l’Etat du Plateau est une région tampon au Nigeria à mi-chemin entre un Nord majoritairement musulman, et un Sud à dominante chrétienne.

Les mouvements de population sont certes une constante dans la région. Mais, au fil du temps, ils ont pris une tournure plus délicate, à tel point qu’ils mettent aujourd’hui les Berom, un des groupes ethniques majoritaires de la région, en situation défensive. La raison à cela, c’est qu’au début du XX siècle de nombreux Haoussas sont venus s’installer à Jos pour les besoins de l’industrie minière, indique Monday Mongwat, historien à l’université de Jos.

Parallèlement, des pasteurs nomades de l’ethnie peul fulani ont migré à la recherche de pâturages. D’un côté, ces migrations ont entraîné des conflits liés à la terre particulièrement riche, de l’autre c’est la religion qui a été instrumentalisée au nom du combat politique, explique un politologue nigérian. Pour cause, si les Berom sont majoritairement chrétiens, les Haoussas et les Peuls fulani, eux, sont musulmans.

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