Né en 1934 dans une famille ouvrière, Josas Milautskas, grandit en Lituanie, dans un milieu rural. Pendant la guerre, il est témoin de l’élimination des juifs, puis des combats entre les Soviétiques et les Allemands.
Les violences ne cessent pas avec la guerre, sa famille étant, à plusieurs reprises, menacée par les « frères des forêts », les résistants lituaniens, ou les nouveaux pouvoirs soviétiques. En mars 1949, Josas et ses parents, ainsi que ses oncles avec leurs familles sont relégués en Sibérie, suite à la désertion d’un des oncles.
Arrivé à Zhigalovo, dans la région d’Irkoutsk, Josas va travailler dans un kolkhoze, d’abord en bêchant les champs, puis comme conducteur de tracteur et de batteuse-moissonneuse. Cette promotion (les tractoristes ayant un statut privilégié par rapport aux kolkhoziens ordinaires), ainsi que les savoir-faire de son père permettent à leur famille de reconstruire assez rapidement leur quotidien sur le lieu de déportation, après deux ou trois premières années difficiles. Ils travaillent beaucoup, dans le kolkhoze et dans leur potager familial, vont à la chasse et à la pêche, échangent des services et des coups de main avec les voisins russes ou lituaniens. Apprécié pour son travail, Josas semble vite s’intégrer dans la vie du village.
Quand en 1957, un an après la libération, ses parents reviennent en Lituanie, Josas
les suit, mais au bout de six mois il retourne à Zhigalovo. Il reprend son travail de tractoriste (dont il parle toujours avec beaucoup d’enthousiasme), se marie et élève ici ses enfants. En 1970, il déménage avec sa famille à Bratsk, où il continue à vivre avec sa femme. Il avait cependant longtemps espéré retourner vivre en Lituanie, une fois à la retraite. Ce rêve n’a pas pu se réaliser à cause des difficultés économiques liés à la disparition de l’URSS.