La France appelle à la libération des dissidents cubains

La France lance un appel solennel pour que La Havane ne laisse pas mourir Guillermo Farinas, opposant cubain en grève de la faim et de la soif depuis le 26 février. Ce journaliste réclame la libération de 26 prisonniers politiques malades. Il a entamé cette grève de la faim et de la soif après la mort d'un autre dissident, Orlando Zapato Tamayo qui, lui, avait suivi une grève de la faim de 85 jours.

Par la voix de l'organe officiel du Parti communiste, Granma, les autorités cubaines ont dit « refuser » ce lundi 8 mars le « chantage » du dissident Guillermo Farina lui faisant porter « la responsabilité entière des conséquences » de sa grève de la faim et de la soif, entamée le 26 février alors que Madrid cherchait une issue à cette crise. Des diplomates espagnols ont rendu visite à l’opposant cubain, lundi, pour lui proposer de s'exiler en Espagne, ce qu'il a refusé, selon ces diplomates.

Et ce mardi 9 mars, des dissidents cubains ont demandé au président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva d'intervenir auprès de son homologue Raul Castro pour mettre fin à la grève de la faim et de la soif du militant Guillermo Farinas, 48 ans, qui dure depuis treize jours.

Pour Marie-Laure Geoffray, chercheuse à l'Institut des hautes études sur l'Amérique latine, la réaction du gouvernement cubain est imprévisible. « Je n’ai pas de boule de cristal. On ne sait pas du tout dans quelle mesure le gouvernement réagit à ce genre de grève de la faim. En fait, c’est la 23e grève de la faim de Guillermo Farinas. On ne peut pas savoir dans quelle mesure il se laissera mourir ou pas. En 2006, il était quasiment mort et le gouvernement était aussi prêt à le laisser mourir. C’est lui qui a pris la décision d’arrêter sa grève de la faim sous la pression de ses amis et d’autres groupes de dissidents. C’est très difficile de répondre sur la réaction du gouvernement. Il faut voir si ces grèves de la faim deviennent systématiques ou si, avec l'éventuelle mort de Guillermo Farinas, ce type de stratégie s’arrêterait là. De plus, il n’est pas en prison contrairement à Orlando Zapato qui demandait des conditions décentes d’emprisonnement... »

Ces grèves de la faim surviennent à un moment où il semble y avoir un vide à la tête de l'Etat cubain. « Raul est très peu présent depuis trois mois dans les médias. Deux raisons à cela : il y aurait une bataille au plus haut sommet du pouvoir entre différentes factions, celles qui voudraient ouvrir plus l’économie et celles qui voudraient un statu quo. Apparemment, parce que tout un programme de réformes aurait été concocté à la fin de l’année 2009 et aurait été refusé soit par Fidel Castro lui-même, soit par un certain nombre de conseillers », explique Marie-Laure Geoffray.

« Il y aurait des désaccords flagrants qui auraient entraîné une forme de retraite de Raul Castro. Il est très peu présent. Par exemple, même quand il y a des visites de chefs d’Etat, ce n’est pas lui qui va les recevoir, mais c'est Machado Ventura, le premier vice-président de la République », précise Marie-Laure Geoffray. « Selon certaines informations que nous avons reçues, il y aurait une bataille avec d’un côté Raul qui voudrait ouvrir plus et Fidel qui souhaite ouvrir moins. Ça fait 50 ans que cette bataille existe. Il y a des rumeurs qui disent que Fidel Castro continue à avoir son mot à dire dans un certain nombre de décisions essentielles de la politique intérieure ».

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