Avec notre envoyé spécial à Bagdad, Toufik Benaichouche
Dès l’ouverture des bureaux de vote, c'est-à-dire dès 7 heures dimanche matin, à Bagdad, il y eu une pluie de salves de roquettes sur la capitale. Al-Qaïda avait prévenu, la mouvance islamiste ferait tout pour empêcher le vote. Il fallait donc beaucoup de courage pour se rendre aux urnes, et visiblement les Irakiens en ont eu aujourd'hui. Ils l’ont montré, puisque tout indique que le taux de participation devrait être appréciable.
« Dites bien au monde entier notre peur est morte en 2003, lorsque le régime de Saddam Hussein est tombé », confie Akim par exemple, un Irakien de 36 ans, venu avec ses deux enfants, dans une petite école de Sadr City, l’immense banlieue chiite déshéritée, l’index encore recouvert d’encre, puisqu’il venait de voter, ajoutant en pointant l’urne de son index : « Qu’al-Qaïda essaie de la prendre, cette urne ! »
Partout, dans toute la capitale, le même enthousiasme toutefois crispé, avec aussi ce balai incessant d’hélicoptères dans le ciel de Bagdad, et une multitude de soldats et de policiers déployés à chaque carrefour. Mais on a pu constater la même volonté, farouche de choisir enfin son destin avec des moyens parfois dérisoires, puisque dans certains bureaux de vote, les isoloirs étaient confectionnés avec du carton, scotchés dans la plupart des cas. Souvent de la cohue aussi, avec des personnes qui cherchaient leur nom sur les listes électorales.
Nous avons constaté le même enthousiasme dans le plus vieux quartier sunnite de Bagdad. Et les sunnites - souvenez-vous -avaient boycotté les élections de 2005. Une erreur selon eux, une erreur qu’ils viennent, vraisemblablement de réparer, puisque l’on estime à présent le taux de participation de cette communauté à 90 % dans la province de Diyala, 82 % à Samarra et 60 % à Ninive.
Le dépouillement pourrait prendre plusieurs jours. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont salué le courage des Irakiens qui se sont rendus aux urnes ce dimanche.