En Irak, des élections législatives sur fond de terreur

Les militaires et les forces de sécurité ont commencé à voter en Irak, trois jours avant le scrutin législatif du 7 mars 2010. Deux attaques contre des bureaux de vote ont tué neuf personnnes à Bagdad dès l'ouverture du scrutin.  Mercredi 3 mars 2010 un triple attentat frappait déjà Bakouba, située au nord de Bagdad. L'attentat, attribué à al-Qaïda, a coûté la vie à trente-deux personnes et en a blessé cinquante-cinq autres.

Avec notre envoyé spécial à Bagdad, Toufik Benaichouche

A trois jours des élections législatives, l’ambiance est tendue, assombrie par les attentats qui ont ensanglanté la ville de Bakouba, à 60 km au nord de Bagdad. Une voiture piégée a d’abord explosé à proximité d’un bâtiment du ministère du Logement. Le deuxième véhicule, lui, a sauté près d’une place très fréquentée, et enfin, un kamikaze s’est fait exploser après s’être fait passer pour un blessé. Il avait pénétré dans l’hôpital de Bakouba, au moment où le général Abdel Hussein al-Chommari, le chef de la police de la province, le visitait. Le général est sain et sauf, mais le nombre de victimes est considérable.

Al-Qaïda, largement en perte de vitesse depuis plusieurs mois en Irak, avait juré de tout faire pour empêcher ces élections. La mouvance islamique avait promis de tenir parole. Elle tient les élections qui auront lieu le 7 mars pour un crime politique manigancé par les chiites qui détiennent l’essentiel du pouvoir dans ce pays. Pourtant, les élections sont loin d’être remises en cause. En revanche, si ce genre d’attentat se multiplie, et si la capacité de nuisance d’al-Qaïda se manifeste plus souvent, bien des électeurs se verraient contraints de ne pas se rendre aux urnes.

Des élections cruciales

C’est sans doute la première fois qu’il ne s’agit plus d’élections communautaires. Dans le passé, on avait affaire à plusieurs partis chiites d’un côté, sunnites de l’autre, des partis kurdes, etc. Cette fois, il s’agit pour l’essentiel de blocs, de coalitions qui vont s’affronter. Par exemple, la coalition du Premier ministre sortant, le chiite Nouri al-Maliki intitulée « l’Alliance pour un Etat de droit » inclut des chiites bien sûr, mais aussi des sunnites, des kurdes, des chrétiens, des indépendants. Il en est de même pour l’Alliance nationale irakienne, ou encore à titre d’exemple, de la liste des laïcs.

Autrement dit, après ces élections, la politique en Irak pourra commencer à ne plus être communautaire, puisqu’il faudra composer. Bien malin qui pourra dire si une coalition à elle seule pourra obtenir la majorité des suffrages. Certains y voient le début d’un Irak véritablement uni depuis 2003.
 

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