La motion de censure votée par le Parlement par 243 députés sur 450 est un désaveu de plus pour la Première ministre qui a déjà perdu la course au fauteuil présidentiel en février dernier (récoltant 45.5% des voix contre presque 49% pour le pro-russe Victor Ianoukovitch). La belle blonde connue pour sa combativité, a d’ores et déjà réagi à sa mise à pied en déclarant qu’elle quittait de suite le gouvernement et qu’elle passait dans l’opposition.
Ioulia Timochenko se refuse toujours à reconnaître la victoire de son rival en l’accusant de fraudes électorales et de la chute de son gouvernement. C’est bien sur la demande du parti de Ianoukovitch, le Parti des Régions, que la motion de censure a été déposée. « M. Ianoukovitch représente une menace d’affaiblissement de l’indépendance de notre Etat », c’est ainsi que Timochenko a commenté son éviction, faisant référence aux sympathies pro-russes et antioccidentales du nouveau président ukrainien.
Ioulia, « la princesse du gaz »
La belle Ioulia, comme l’appellent les médias ukrainiens, la cinquantaine triomphante, est entrée en politique en 1996 en tant que députée. Economiste de formation, elle a poursuivi une brillante carrière dans le secteur d’énergie en devenant l’une des femmes les plus riches du pays, ce qui lui a valu le surnom de « la princesse du gaz ». Quand elle entre en politique, c’est sur l’invitation de son partenaire en affaires, devenu Premier ministre, Pavlo Lazarenko. En 1998, quand celui-ci a fui le pays et a été arrêté par les autorités américaines, accusé de blanchiment d’argent, elle a quitté son parti et a fondé une nouvelle formation démocrate.
Un passé sulfureux
Elle traîne derrière elle un passé sulfureux. En février 2001, elle est arrêtée, accusée de falsification de documents douaniers et de contrebande de gaz entre 1995 et 1997 (elle était alors présidente de la United Energy Systems de l'Ukraine), mais sera libérée plusieurs semaines plus tard. Ses partisans avaient organisé plusieurs manifestations de protestation près de la Lukyanivska, la prison où elle était incarcérée.
Selon Timochenko, les accusations ont été fabriquées par le régime de Leonid Koutchma, sous l'influence des oligarques qui se sentaient menacés par ses efforts pour éliminer la corruption et instituer des réformes fondées sur le marché.
L’égérie charismatique de la Révolution orange
Tout le monde se souvient de ses nattes blondes sur la place de Majdan à Kiev électrisant les foules par ses discours enflammés, capable de réchauffer l’atmosphère malgré le froid de cet hiver 2004-2005.
Très liée tout d’abord au leader de la Révolution orange, Victor Iouchtchenko, dont elle soutient la candidature en 2004, après une brouille elle s’oppose depuis à lui avec la même passion qu’elle a mis à le soutenir. Ce manque de dialogue entre les deux chefs de la Révolution orange a signé la défaite des formations politiques issues de ce mouvement pro-occidental et réformateur.
La tâche de Ianoukovitch s’annonce difficile : pour former une nouvelle coalition stable, il doit composer avec deux petits partis qui jusqu’ici soutenaient les anciens révolutionnaires. Si la coalition n’est pas formée avant trente jours, l’Ukraine devra affronter de nouvelles élections législatives et peut dire au revoir à la possibilité d’une quelconque stabilité politique. Une stabilité qui serait la bienvenue dans la perspective de la lutte contre une violente crise économique qui met à mal l’économie du pays dont le PIB s’est rétracté de 19% durant l’année 2009.