50 ans après les essais atomiques français, de nombreux cancers dépistés en Algérie

Un colloque international sur les effets des essais atomiques français au Sahara se tient à Alger depuis le lundi 22 février 2010. Plusieurs intervenants officiels algériens ont réclamé la restitution des archives - notamment sanitaires et environnementales - relatives à ces premiers essais qui se sont déroulés il y a exactement 50 ans dans le sud du pays, dans les départements d’Adrar et Tamanrasset.

Les Algériens ont besoin de ces documents pour traiter au mieux les lourdes séquelles de ces explosions, des cancers notamment. Dans une première phase empirique, les experts algériens ont déjà constaté qu’il y a plus de cancers dans ces deux régions – théâtre d’explosions atomiques, dont une accidentelle équivalente à celle de Tchernobyl – que dans toutes les autres régions du pays.

Ces mêmes experts algériens ont lancé des études épidémiologiques. Mais, dans l’immédiat, pour le professeur Kamel Bouzid, cancérologue, il y a une priorité pour les sites contaminés dans les départements d’Adrar et Tamanrasset : « L’urgence c’est de réévaluer réellement la contamination des deux sites et cela passe par une autre étude de l’AIEA (Agence internationale d’énergie atomique) et d’imposer au pollueur une décontamination réelle du site. Il y a certains produits radioactifs comme le plutonium qui mettent 24 000 ans à disparaître et il faut interdire ces sites aussi bien aux hommes qu’aux animaux ».

A l’hôpital de Tamanrasset, les constatations sanitaires, relevées ces dernières années, inquiètent le corps médical. Selon le docteur Méloui Zina, « les cancers de la peau qui viennent en deuxième position, tous âges et sexes confondus, ce n’est pas du tout normal. Les cancers de la thyroïde - qui viennent en deuxième position chez la femme, au lieu du cancer du col utérin -, ce n’est pas normal non plus ». Selon la même praticienne, « cela veut dire qu’il y a des facteurs environnementaux particuliers à la région de Tamanrasset qui sont représentés surtout par les radiations ionisantes ».

La première journée de ce colloque international a révélé que le plutonium menace la santé des habitants de cette partie de l'extrême sud du Sahara dont l’environnement n’a pas échappé à la contamination par les radiations atomiques.

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