Au printemps 1961 la France s'apprête à mener son dernier essai atomique atmosphérique, sur le site de Reggane, dans le Sud algérien. Le fonctionnement de la bombe a maintenant été validé, puisqu'avant « Gerboise verte », trois autres « bombes A » ont été testées avec succès.
En pleine Guerre froide les militaires s'intéressent à la doctrine d'emploi de l'arme atomique et aux effets de ces armes sur les troupes et le matériel. A l'époque, en dehors de la dissuasion nucléaire à proprement parler (frappes stratégiques), les pays de l'Otan comme ceux du pacte de Varsovie, réfléchissent à l'emploi de bombes atomiques moins puissantes (frappes tactiques), pour réaliser des frappes, sur des gares, des ponts, des aérodromes, ou des positions de blindés. Il faut donc savoir comment les soldats vont réagir s'ils ont à combattre à proximité d'une zone bombardée.
Ce 25 avril 1961, on fait donc venir à Reggane près de 200 appelés, venus principalement d'une unité stationnée en Allemagne. Dans le désert algérien, équipés de combinaison de protection, ils sont positionnés dans un petit abri situé 3 kilomètres du point Zéro : l'endroit où la bombe est déclenchée.
Après l'explosion, ils doivent avancer vers le champignon atomique et mener des exercices de tir ; ils vont s'approcher jusqu'à 650 mètres du coeur de l'explosion. D'autres à bord de leurs véhicules blindés s'aventureront encore plus près...
Selon les experts, ces appelés vont être exposés à des doses « élevées » de radioactivité. La manoeuvre dure 3 heures, les soldats sont ensuite conduits en salle de décontamination où ils doivent prendre une douche. L'expérience est terminée. Expérience secrète, ils devront garder le silence...