Cet accord est la suite logique de la visite du président tchadien Idriss Déby au Soudan le 8 et le 9 février derniers. Il est encore trop tôt pour évaluer la solidité des promesses de paix des uns et des autres, d'autant que des combats se sont produits samedi dernier dans l'ouest du Darfour entre les troupes gouvernementales et le MJE. De plus, depuis plus de dix jours, l'armée soudanaise et ses alliés mènent une offensive sur les troupes d’un autre mouvement rebelle, le Mouvement et armée de libération du Soudan (MLS/ALS ou SLM/SLA) d’Abdelwahid Nour, dans la région du Jebel Marra, une montagne et sa vallée fertile au cœur du Darfour contrôlée par ces rebelles.
Khartoum parle donc de paix avec un mouvement rebelle, mais mène toujours la guerre contre un autre. Et la communauté internationale reste pour l'heure silencieuse sur ce point. Selon Djibril Bassole, représentant spécial de l'ONU et de l'Union africaine (UA) pour le Darfour, il n’y a aucune volonté de marginaliser Abdelwahid Nour et ce dernier « peut rejoindre le processus de négociations à tout moment ». Lors de cet entretien diffusé le lundi 22 février sur RFI, Djibril Bassole a souligné que quelques uns des chefs militaires du MLS sont à Doha en ce moment et que « les combats qui se produisent sur le terrain opposent ceux qui sont restés loyaux à Abdelwahid Nour et ceux qui ont pris la résolution de s’engager dans la négociation avec le gouvernement (soudanais)».
Toujours selon le représentant de l’ONU et de l’UA pour le Darfour, « il est évident qu’on ne peut pas suspendre les processus de négociations parce que Monsieur Abdelwahid Nour ne veut pas se joindre à la table des négociations, surtout que l’ensemble des points qu’il revendique – qui ont trait au désarmement des janjawids (milices arabes alliées de Khartoum), au retour des personnes déplacées, à l’amélioration de la sécurité – méritent d’être discutés ». Djibril Bassole a également déclaré que c’est Abdelwahid Nour « qui se met très volontairement à l’écart. On ne l’isole pas, mais nous ne l’attendons pas ».