Pour Idriss Déby et Omar el-Béchir, il s'agit d'abord d'avoir le champ libre avant les élections.
Au Tchad, les législatives sont en novembre, avant la présidentielle d'avril 2011. Or, après sa campagne de lutte contre la corruption, le chef de l'Etat continue de vouloir passer pour un bon élève. Il espère notamment une reconnaissance internationale des résultats des prochains scrutins. En réglant seul ses problèmes avec son voisin, il souhaite également montrer son indépendance et l'inutilité de la mission des Nations unies dans l'est du Tchad.
Au Soudan, les élections régionales, législatives et présidentielle se tiendront en avril. Omar el-Béchir tente, lui aussi, de combler son déficit d'image à l'étranger, et attend une validation internationale des prochains résultats électoraux. S'il y parvient, la marge de manœuvre de la Cour pénale internationale, qui l'accuse de crimes au Darfour, sera réduite. Il sera également en position de force avant le référendum d'auto-détermination du Sud-Soudan de 2011.
Reste que les compromis entre Khartoum et Ndjamena sont on ne peut plus fragiles. Depuis 2003, tous les accords ont volé en éclat. L'état de confiance entre les deux présidents sera déterminant dans le maintien de cette paix provisoire, tout comme le succès ou non des discussions de Doha sur le Darfour entre les groupes rebelles soudanais et Khartoum.