Total : la grève se durcit

Les six raffineries du groupe pétrolier français Total sont désormais en grève illimitée. Ce mouvement social fait craindre une pénurie de l’approvisionnement des stations-services françaises.

L’ensemble des raffineries du groupe pétrolier français Total est, depuis vendredi 19 février 2010, en grève illimitée. Ce mouvement à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-CFDT-Sud touche, depuis mercredi, les raffineries de Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), Grandpuits (Seine-et-Marne), Feyzin et La Mède (Bouches-du-Rhône). Les grévistes soutiennent les salariés du site de Dunkerque menacé de fermeture. Plusieurs dépôts de pétrole sont également touchés.

Selon la direction du groupe, 70 à 80% du personnel aurait cessé le travail. Du côté des syndicats, on annonce un taux de grévistes de plus de 90% à la fois dans les raffineries et dans les dépôts. Ce mouvement social fait craindre une pénurie du carburant en France. Le groupe pétrolier assure, en effet, près de 60% de l’approvisionnement des stations-services du pays.

Les salariés d’Exxon Mobil solidaires avec Total

La direction de Total se veut, pour le moment, rassurante. Selon l’Union française des industries pétrolières, la France dispose de 10 à 20 jours de stocks pour les stations-services. De leur côté, les syndicats, plutôt alarmistes, soulignent qu’au bout de cinq jours d’arrêt, il pourra y avoir un début de pénurie d’essence aux pompes. D’autant que les salariés des raffineries d’Exxon Mobil sont en train de se joindre au mouvement des salariés de Total. Le gouvernement français prend, en tout cas, les choses au sérieux, puisque Christian Estrosi, le ministre chargé de l’Industrie, s’est entretenu longuement, vendredi matin, avec le PDG de Total, Christophe de Margerie. Christian Estrosi lui a notamment demandé de rassurer les salariés de ses raffineries.

Un comité central d’entreprise doit se tenir le 29 mars prochain, juste après les élections régionales. Mais les salariés de Total refusent d’attendre aussi longtemps. Ils demandent à la direction d’avancer cette date et veulent des assurances pour le site de Dunkerque, dans les Flandres, menacé de fermeture. Cette raffinerie est arrêtée depuis septembre 2009. Pour les 370 salariés du site très inquiets, Christophe de Margerie a rappelé que le groupe allait garantir un emploi à chaque salarié. Cet engagement n’a pas convaincu les syndicats qui réclament des garanties pour toutes les raffineries du groupe.

Baisse des marges de raffinage

Derrière cette grève, se pose la question de l'avenir du raffinage en France. Les compagnies pétrolières françaises ont tendance à se séparer de leurs activités de raffinage, polluantes et peu lucratives. Selon une étude publiée en novembre dernier par l’Institut français du pétrole, les marges du raffinage ont baissé de deux tiers en Europe et de 75% aux Etats-Unis entre 2008 et 2009. Les pays émergents qui consomment autant de carburant, préfèrent raffiner chez eux.

Pour préparer l’après-pétrole, Total mise désormais sur les énergies renouvelables qui représenteront, selon ses estimations, 30% de l’énergie à l’horizon 2030. Total s’est ainsi engagé dans la recherche et le développement dans le solaire et les biocarburants.

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